Groupe Lagardère
 

Rédaction
13 septembre 2006

Arnaud Lagardère a annoncé qu'il mariait les activités presse et audiovisuel de son groupe et qu'il les confiait à un homme venu des télécommunications, le PDG d'Orange France, Didier Quillot, pour faire face aux bouleversements de la révolution numérique. Imposant sa marque dans l'organigramme du groupe protéiforme qu'il dirige depuis la mort de son père Jean-Luc en 2003, Arnaud Lagardère, 45 ans, a annoncé un rapprochement entre la filiale presse, Hachette Filipacchi Médias (HFM), et la filiale audiovisuelle, Lagardère Active. "Le groupe Lagardère décide d'unir ses forces dans les médias pour relever le défi du numérique", souligne le groupe dans un communiqué. A la tête de ce nouveau pôle: Didier Quillot, 47 ans, qui était depuis 2001 PDG d'Orange France. Cet ingénieur en électronique avait auparavant passé dix ans à Thomson CSF, a fait un passage par Canal+ avant de passer dix autres années au sein du groupe France Telecom. HFM est le premier éditeur de presse magazine au monde, avec un chiffre d'affaires de 1,8 milliard d'euros en 2005, et possède Elle, Paris Match, mais aussi Le Journal du Dimanche, plusieurs quotidiens régionaux, 17% du Monde SA, et, aux Etats-Unis, Woman's Day et Car and Driver. Au portefeuille de Lagardère Active (chiffre d'affaires en 2005: 620,7 millions d'euros) figurent une participation de 20% dans le groupe CanalSat/TPS en voie de constitution, les réseaux de radios Europe 1, Europe 2, RFM, ainsi qu'un éventail de chaînes thématiques, musicales (MCM...) ou jeunesse (Canal J, Gulli etc). C'est à cet ensemble que Didier Quillot devra faire prendre le virage du numérique. Comme Arnaud Lagardère l'a souligné devant la presse, "les structures de consommation sont en train d'évoluer" et les magazines aux Etats-Unis trouvent désormais leurs nouvelles clientèles sur internet, et non sur le papier. Le résultat opérationnel de HFM a chuté de 19,5% au premier semestre 2006 et devrait encore baisser au second semestre. HFM a souffert du recul des ventes des magazines et de leurs recettes publicitaires. Arnaud Lagardère fait le pari que pour damer le pion aux "pure players", concentrés sur un métier unique, il fallait "un nouvel ensemble, créateur et distributeur de contenus". La victime de ce virage est le dernier baron survivant de l'ère Jean-Luc Lagardère, Gérald de Roquemaurel, 60 ans, PDG de HFM depuis 1997, et qui deviendra conseiller spécial d'Arnaud Lagardère. Ce dernier se place clairement aux commandes, en prenant la présidence du conseil de surveillance de Lagardère Active, et, à partir du 1er janvier 2007, celle du conseil de surveillance de HFM. Directement rattaché à Arnaud Lagardère, Didier Quillot, qui rejoindra le groupe dans quelques semaines, aura la responsabilité exécutive des deux entités en prenant la présidence de leur directoire. Cette remise en ordre de bataille du pôle médias survient quelques mois après la montée en puissance du pôle édition, où Lagardère est devenu numéro trois mondial en rachetant en février Time Warner Book Group, cinquième éditeur américain. Ces choix confirment la priorité donnée à ces secteurs par Arnaud Lagardère, qui aura les moyens de les financer avec son désengagement partiel d'EADS, le géant européen d'aéronautique et de défense (Airbus, Eurocopter). Lagardère va réduire sa participation de 14,87% à 7,5% en 2007, récupérant au passage un trésor de guerre évalué à deux milliards d'euros. Arnaud Lagardère a chiffré à 4 milliards d'euros le total de sa trésorerie alors disponible pour de nouvelles acquisitions.

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