Au Maroc les préparatifs vont bon train chez les adjudicataires des licences radios. Si l'on s'en tient aux termes du cahier des charges, chacun d'entre eux dispose de six mois en moyenne à dater de l'octroi de la licence pour commencer à diffuser ses programmes. Dès fin septembre, les ondes nationales devraient donc accueillir de nouveaux venus. Au total, et pour commencer, dix radios ont été autorisées à exercer. Il s'agit de deux radios locales de proximité, quatre radios régionales de proximité couvrant les bassins de Casablanca, Fès-Meknès, Marrakech et Agadir, une radio multirégionale musicale qui émettra sur Rabat, Casablanca et Marrakech et une multirégionale de proximité qui émettra sur les bassins du Nord, du Rif et de l'Oriental. Les deux autres stations seront thématiques. Celle du groupe Eco-Médias sera spécialisée en économie et en finances et diffusera sur Casablanca et Rabat. La seconde est, elle aussi, spécialisée dans ces mêmes domaines et diffusera sur Casablanca, Rabat, Fès-Meknès et le Nord. Les indiscrétions se font rares. Du moins pour l'heure. Le moment est jugé inopportun, prématuré pour toute forme de communication. Dès la mi-septembre par contre, il faudra s'attendre à des campagnes de communication destinées à faire connaître les produits. Ceci, si tout se passe comme prévu. Hormis la partie relative aux ressources humaines (recrutements de profils adéquats, plans de formation...), les responsables se sont attaqués, ces dernières semaines, à la partie technique, primordiale pour mettre sur pied le projet. Le principal problème concernerait le choix de la société qui prendra en charge la diffusion des programmes. Techniquement, quatre entités disposent des moyens nécessaires pour assurer cette diffusion. La SNRT (Société nationale de radiodiffusion et télédiffusion) et 2M seraient les plus appropriées pour prendre en charge cet aspect du nouveau paysage audiovisuel. Sur le plan technique uniquement, les deux opérateurs, Maroc Telecom et Méditelecom auraient les capacités indispensables. Deux sociétés privées, Aixor et VDL Diffusion, pourtant intéressées par cette activité encore nouvelle, semblent avoir mis leur projet en veilleuse. Concrètement, aucun privé ne s'est effectivement lancé dans la course au convoiturage de fréquences. Car c'est bien de cela dont il s'agit. La diffusion consiste à émettre les programmes. Pour cela, il est nécessaire «d'héberger» la fréquence allouée à la radio. Des «relais» sont installés à des endroits spécifiques permettant de «couvrir» un territoire donné. La SNRT, de par son expertise en la matière, dispose de l'ensemble des relais nécessaires pour assurer la diffusion sur l'ensemble du territoire. 2M a, elle aussi, une force de diffusion sur la quasi-totalité du territoire. Ce sont donc elles qui ont été sollicitées pour «héberger les sites» des nouvelles radios. Le passage est de toute façon obligé. C'est la concurrence de la SNRT qui aurait rapidement persuadé Aixor et VDL Diffusion de se retirer. En tout cas pour le moment. Le président d'une d'entre elles, contacté par L'Economiste, affirme que «l'offre tarifaire proposée par la SNRT aux détenteurs de licences radio pour assurer la diffusion est imbattable». Cette offre aurait été deux fois inférieure à celle proposée par la société privée. Raison pour laquelle le projet aurait été «mis en veilleuse». Comment la SNRT peut-elle assurer ce service à des prix jugés «très bas» par les promoteurs privés? Contactée par L'Economiste, cette dernière n'a donné aucune suite à nos questions. Celles-ci ne se sont d'ailleurs pas limitées au seul problème du coût de la prestation. Une offre de ce niveau correspond-elle à une stratégie de commercialisation de la SNRT? Serait-ce, pour l'Etat marocain, une manière de soutenir le nouveau paysage audiovisuel? La SNRT dispose-t-elle des moyens techniques suffisants pour abriter à elle seule l'ensemble des fréquences? Et quels sont les scénarios envisageables dans le cas où les opérateurs radiophoniques n'arrivent pas à un compromis avec la SNRT? «L'investissement nécessaire pour un relais avoisine le million de dirhams», explique un expert. Le nombre de relais nécessaires est fonction de la superficie à couvrir. Il varie donc d'une station radio à une autre. L'implantation de nouveaux relais ne semble pas être la solution la mieux adaptée. «La SNRT dispose des meilleurs emplacements et même si nous investissons le créneau, nous ne pourrons pas couvrir de façon optimale le territoire souhaité», ajoute le responsable d'une des nouvelles radios. Les concepteurs du nouveau paysage n'étaient-ils pas au fait de l'évolution des problèmes auxquels allaient se trouver confrontés les nouveaux opérateurs? A la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), on se dit surpris. Mais l'institution ne se charge pas de ce genre de problème." Article publié dans l' économiste.
Rédaction
10 août 2006
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