André Rousselet, proche parmi les proches de l'ancien président François Mitterrand, patron des taxis G7 et président-fondateur de Canal+, se raconte pour la première fois dans un documentaire diffusé sur France 5 jeudi à 20H55. "André Rousselet, un homme de pouvoir(s)", réalisé par Marie-Eve Chamard et Philippe Kieffer, anciens journalistes à Libération, s'intéresse au parcours atypique d'André Rousselet, décrit également par des personnalités qui le connaissent bien -Roger Hanin, Mazarine Pingeot, Bruno Gaccio, Pierre Lescure- comme un homme "élégant, tenace et rancunier". Si ce sous-préfet est devenu progressivement un homme de confiance de François Mitterrand, c'est parce qu'ils avaient un ennemi en commun, un sénateur de droite qui reprochait à M. Rousselet à un excès de zèle dans la dénonciation d'une fraude électorale. M. Rousselet participera à plusieurs cabinets du ministre Mitterrand. Lorsque ce dernier revient dans l'opposition, Rousselet passe dans le privé, dans une société où il s'ennuie. Il tente alors un coup de poker : il rachète à cette société, en empruntant, une compagnie de taxis mal en point. Avec G7, il fera fortune. M. Rousselet a aussi été le trésorier des campagnes électorales de François Mitterrand. Face à la caméra, il raconte que l'appel au peuple "ne suffisait pas. Il fallait trouver ailleurs des compléments". Il envoie alors des collaborateurs pour démarcher des chefs d'entreprise. "Le liquide, c'est mieux", concède-t-il, mais pas sans risques, évoquant des "intermédiaires (qui) avaient de la colle aux doigts". "En tout état de cause il y a prescription, mais il n'y avait pas de réglementation", observe-t-il. "De tous les financiers qui se sont occupés de campagnes électorales, je suis le seul qui soit sorti indemne", souligne-t-il. "ça ne veut pas dire que j'étais innocent". Preuve de la confiance que lui portait Mitterrand, il lui a présenté sa fille Mazarine dès 1981 et l'a choisi comme exécuteur testamentaire. Mitterrand élu président, Rousselet devient chef de cabinet à l'Elysée, où il découvre un reste de billet de 500 francs dans un coffre, "ce qui prouve que le ménage avait été mal fait", dit-il à propos des fonds secrets. M. Rousselet revient aussi sur la création de la chaîne Canal+, dont il fait un succès malgré le scepticisme général, ainsi que sur sa décision de claquer la porte dix ans plus tard lors du pacte d'actionnaires Havas-Générale des eaux.
Rédaction
25 mai 2006
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