L'ancien président du Conseil supérieur de l'audiovisuel Hervé Bourges estime dans un entretien au Journal du Dimanche que "la France se regarde s'ennuyer" dans l'émission de M6 Loft Story, paraphrasant un célèbre éditorial du Monde à la veille de mai 68. "En 68, c'était ++sous les pavés, la plage++, aujourd'hui c'est ++sous les pavés, le cash++", remarque Hervé Bourges. "Les cobayes qui se prêtent à l'expérience sont la représentation d'une société sans grand horizon, sans repère, sans projection hors du quotidien", ajoute l'ancien président du CSA. "L'émission invite la société à se regarder, et ce qui se lit dans le miroir n'est pas flatteur", constate Hervé Bourges, qui remarque par exemple que les "Robinsons d'aujourd'hui" n'ont emporté avec eux aucun livre sur leur île déserte. Ils sont "sans lecture, donc sans passé. Mais aussi sans avenir: leurs discussions sont creuses, vaines et chimériques". L'ancien président du CSA observe que "notre société peut se satisfaire d'une humanité limitée" à "l'exercice des fonctions biologiques: manger, dormir, jouir". Il établit un lien entre la "télévision poubelle" et le discrédit du politique. "Les principes qui auraient exclu toute diffusion de ++télé-réalité++ se sont affaiblis. Celà révèle une déresponsabilisation de la société", juge M. Bourges. Ainsi, "les révélations du Général Aussaresses (sur la torture en Algérie) font scandale non par les crimes qu'il avoue mais parce qu'il ne s'en repent pas", souligne M. Bourges. "Comment un Etat qui refuse lui-même d'assumer ses actes peut-il garantir des références morales", interpelle M. Bourges, évoquant le silence des autorités publiques "jusqu'à aujourd'hui pour fuir leurs responsabilités". "Il y aurait mille bonnes raisons pour refuser la dérive de la télévision. Mais apparemment personne n'a assez de légitimité, donc assez de force, pour s'y opposer", conclut-il.
Rédaction
13 mai 2001
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