Une psychiatre a réclamé, devant le tribunal correctionnel de Lyon, 10.000 euros de dommages et intérêts à TF1 pour la diffusion d'un reportage dans lequel une journaliste de la chaîne laissait entendre que la plaignante avait fait injustement interner son mari par des confrères. L'affaire a été mise en délibéré au 24 mai. Dans ce reportage diffusé au "2O heures" le 26 février 2004 et consacré à une commission d'enquête parlementaire sur les internements sous contrainte abusifs, la journaliste de TF1 faisait témoigner à visage découvert, avec sa voix naturelle et sous son vrai prénom, l'ex-mari de cette psychiatre. La journaliste assurait notamment que, huit ans plus tôt, "en plein drame conjugal, alors qu'il refusait de divorcer et qu'il avait pris des médicaments, sa femme obtenait son internement par deux confrères psychiatres". Pour Me Hervé Guyenard, avocat de la psychiatre, il s'agit d'une "violente attaque, (car) accuser un professionnel d'avoir à ce point manqué à ses devoirs est un affront que ma cliente a subi de façon extrêmement forte". Il a estimé que la plaignante était facilement reconnaissable et que l'enquête de TF1 était défaillante car la journaliste n'avait cherché à joindre ni sa cliente ni les médecins qui avaient signé l'ordre d'internement. Il a également accusé l'ex-mari, qui comparaissait comme complice de diffamation, d'avoir fourni, "avec une malveillance certaine", ces informations à la journaliste, après avoir tenté, en vain, d'avancer la thèse d'un internement abusif orchestré par son ex-épouse, lors de la procédure de divorce. L'ancien mari a assuré ne pas avoir parlé directement à la journaliste de TF1 et avoir eu affaire à un pigiste auquel, a-t-il dit, il n'a jamais affirmé que sa femme était responsable de son séjour en hôpital psychiatrique. Me Guyenard a réclamé 10.000 euros de dommages et intérêts, eu égard à l'audience très importante du journal du soir de TF1. Selon lui, cette somme représente "1% de ce que rapportent à la chaîne les cinq minutes de publicité" qui suivent le journal. Me Yves Chevalier, l'avocat de l'ex-mari, a estimé que si son client avait vraiment accusé son épouse d'être à l'origine de son internement, la chaîne aurait diffusé ces phrases-là, plutôt que celles retenues pour le sujet, qui restaient très générales. Me Philippe Moncorps, qui représentait la journaliste et le PDG de TF1, Patrick Le Lay, en tant que responsable de la publication, a mis en doute l'existence d'un préjudice, puisqu'"une poignée de gens tout au plus" étaient susceptibles de faire le lien entre l'homme interrogé et la praticienne.
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