L'Europe est en train de perdre son rang dans le domaine spatial, estime François Auque, PDG de EADS Space, filiale du groupe aéronautique et de défense européen, dans un entretien au journal Le Monde. "Non seulement on assiste à une accélération aux Etats-Unis, mais, derrière les européens, il y a une série de pays qui expriment l'ambition qui était celle de l'Europe dans les années soixante, comme le Japon, la Chine, la Corée du sud", remarque-t-il. "Donc, notre continent perd progressivement, mais sûrement, son rang dans le domaine spatial", déclare-t-il. Globalement, le gouvernement américain dépense environ 40 milliards de dollars par an, soit 30 milliards d'euros, dans le spatial, le civil et le militaire. "En Europe, c'est 5 milliards d'euros pour le civil et moins d'un milliard pour le militaire. Cela veut dire que l'ambition européenne est stagnante", commente-t-il. Malgré les programmes en cours tels que Galileo et les satellites Helios et Syracuse, "on est dans une phase où on accumule les retards", ajoute M. Auque. Et de dénoncer le "décalage considérable entre d'une part la volonté de l'Europe d'affirmer sa souveraineté et l'importance stratégique fondamentale de l'espace, et, d'autre part, le montant dérisoire des moyens consacrés à l'espace militaire". Le plan de soutien aux lanceurs Ariane de l'agence spatiale européenne ESA, décidé il y a deux ans après l'échec du vol inaugural de la fusée Ariane 5 ECA, "a consisté à transférer sur le budget de fonctionnement des lanceurs 200 millions d'euros par an au détriment du budget de développement", indique-t-il. "Si on ne rétablit pas, en 2006, ces 200 millions d'euros de développement, nous allons endommager de façon irrémédiable la capacité de l'Europe à développer des lanceurs", avertit-il.
Rédaction
11 mars 2005
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