TF1 a été autorisée par la justice à diffuser ce soir le téléfilm "Dans la tête d'un tueur" sur Francis Heaulme, à condition qu'il soit précédé d'un communiqué judiciaire sur la présomption d'innocence dont il bénéficie dans une affaire. Pour TF1, "très heureux que les Français puissent voir ce téléfilm", cette décision "valide toute la démarche sur la liberté d'adaptation d'une oeuvre, conforme à la liberté d'expression". L'avocate du tueur en série, Me Liliane Glock, a toutefois indiqué mercredi à l'AFP qu'elle déciderait jeudi matin de faire appel ou non de cette décision. Elle a également affirmé avoir entamé une nouvelle procédure, en demandant au juge d'instruction de Metz chargé d'enquêter sur l'affaire de Montigny-les-Metz d'interdire la diffusion du téléfilm. Pour Me Glock, la fiction de TF1 viole la présomption d'innocence dans son évocation de Montigny-les-Metz - le meurtre en 1986 de deux enfants pour lequel Patrick Dils a été acquitté en 2003 alors que Francis Heaulme avait été mis en cause. Heaulme n'a pas été poursuivi pour ce double meurtre. "Le juge a tout moyen pour préserver son instruction" or "la diffusion réduirait à néant la toute petite chance de faire aboutir l'instruction", a déclaré l'avocate. Mardi soir, elle avait demandé, durant l'audience en référé (procédure d'urgence) à Nanterre, l'interdiction de diffusion du téléfilm. Mercredi, le tribunal est allé partiellement dans le sens de Me Glock, estimant dans son ordonnance que "la présentation publique de Francis Heaulme comme étant coupable de ce double crime (...) porte atteinte à la présomption d'innocence". La possibilité offerte par ce jugement pour une action en dommages et intérêts contre TF1 "est énorme", a commenté mercredi Me Glock. Le tribunal de Nanterre a ajouté qu'"une mesure d'interdiction aurait été disproportionnée". Le juge des référés a donc ordonné à TF1 de diffuser un communiqué judiciaire "pendant 20 secondes avant le lancement du film et sans qu'il en soit séparé par une autre séquence". Ce communiqué est le suivant: "Il est prêté à un enquêteur dans le film +Dans la tête d'un tueur+, des propos et des impressions qui présentent Francis Heaulme comme étant coupable du meurtre de deux enfants commis le 2 septembre 1986 à Montigny-les-Metz". Or "l'intéressé n'a pas été mis en examen dans l'information judiciaire ouverte contre personne non dénommée en septembre 2004 à Metz à la suite de la révision du procès de Patrick Dils qui, initialement condamné pour ces faits, a été acquitté. Ces déclarations portent atteinte à la présomption d'innocence dont Francis Heaulme bénéficie comme toute autre personne en application des dispositions de l'article 9 du Code civil". TF1 a également été condamnée à payer 3.000 euros à Heaulme au titre des frais de justice et d'avocat. Détenu à la prison de Metz, Heaulme a visionné le téléfilm avec l'"autorisation exceptionnelle du parquet général de Metz", selon Me Glock. Le téléfilm avait déjà été diffusé en février par la TSR (Télévision suisse romande). Le dernier et neuvième procès d'assises de Heaulme, 45 ans, condamné déjà six fois pour meurtre, dont deux fois à perpétuité, a eu lieu en décembre 2004 à Reims. Il a été condamné à 30 ans de réclusion pour trois meurtres commis dans la région.
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