Présenté comme un "film événement" par France 2, "Un amour à taire", réalisé par Christian Faure, aborde pour la première fois un sujet resté longtemps tabou, la persécution dont furent victimes les homosexuels pendant la dernière guerre. Après la programmation spéciale de la chaîne sur le 60ème anniversaire de la libération des camps, "Un amour à taire" sera diffusé ce soir à 20H50. Sur un scénario de Pascal Fontanille et Samantha Mazeras, d'après une histoire originale de Pascal Fontanille, cette fiction bouleversante rend hommage aux oubliés, pour que soit reconnue la déportation au triangle rose. "Un amour à taire" a remporté cinq prix (prix spécial du jury, du scénario, du jury du public, du jeune espoir féminin à Louise Monot et du jeune espoir masculin à Nicolas Gob) lors de la 6ème édition du Festival international du film de télévision de Luchon en février. En 1942, Jean (remarquable Jérémie Rénier) recueille et cache dans la blanchisserie familiale Sarah (Louise Monot), une jeune juive dont la famille a été massacrée. Il est homosexuel mais ses parents et son frère Jacques (Nicolas Gob) l'ignorent. Son ami Philippe (Bruno Todeschini), résistant, fournit des papiers à la jeune fille, secrètement amoureuse de Jean. Ils ont vingt ans et forment un trio atypique et joyeux, un peu à la "Jules et Jim", malgré l'atmosphère pesante de l'Occupation. Jacques, le frère cadet, est jaloux de Jean qu'il considère comme son rival auprès de Sarah, et fricote avec des collaborateurs. Le drame est en place. Charlotte de Turkheim et Michel Jonasz, avec une grande sobriété de jeu, interprètent avec beaucoup d'humanité les parents de Jean et Jacques. La descente aux enfers de Jean, arrêté sur dénonciation et fiché comme homosexuel, est éprouvante à suivre, jusqu'à la déportation en camp de travail puis à Dachau où les nazis pratiquent l'innommable sur des déportés considérés comme la lie de l'humanité avec les Tziganes. En 1942, rappellent les auteurs, une loi sur la répression des homosexuels a été votée par le gouvernement de Pétain, un homosexuel risquant de 6 mois à 3 ans de prison. Cette loi est restée en vigueur jusqu'en 1981, date à laquelle ont été dépénalisés les actes homosexuels consentants. Jean Le Bitoux, militant homosexuel et président du Mémorial de la Déportation Homosexuelle (MDH), co-auteur de "Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel" (Calmann-Lévy, 1994), a été conseiller historique sur ce film. Il a crée en 1989 le Mémorial de la déportation homosexuelle. Le téléfilm sortira en DVD le 10 mars (prix public de 23,99 EUR).
Rédaction
7 mars 2005
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