La sélection du futur concessionnaire de Galileo, le système européen de navigation par satellite, entre dans sa phase finale avec le dépôt des dernières offres des deux consortiums candidats, Eurely (autour d'Alcatel et Finmeccanica) et iNavSat (autour d'EADS et Thales). Le futur concessionnaire aura la charge d'exploiter Galileo pendant 20 ans et d'en tirer des recettes commerciales, qu'une étude commandée par la Commission européenne avait estimé potentiellement à 500 millions d'euros par an à l'horizon 2020. Le choix du concessionnaire doit être fait par Galileo JU, une entreprise publique européenne présidée par l'Allemand Rainer Grohe. Le choix final devrait être fait le 1er mars, après une ultime réunion du conseil de surveillance de Galileo JU, où sont représentés les 25 Etats membres. Le choix du concessionnaire aurait dû être fait au début du mois d'octobre, mais Galileo JU a finalement choisi de se donner plus de temps, les offres des deux candidats ne pouvant être départagées par le système de notation retenu. Les deux candidats ont été invités à représenter des offres affinées, en particulier en ce qui concerne le partage du risque sur cet énorme investissement. Le futur concessionnaire devra en effet apporter un chèque d'1,4 milliard d'euros, soit les deux tiers environ du coût de déploiement du système de 30 satellites (2,1 milliards euros), le reste (700 millions d'euros) étant fourni par le budget européen. Pour rémunérer son investissement, le concessionnaire pourra compter sur une subvention d'exploitation progressivement déclinante et sur des recettes commerciales qu'il va devoir arriver à dégager, suivant un modèle qu'il s'agit précisément d'inventer. Le seul grand système de navigation par satellite existant aujourd'hui, le GPS américain, est en effet gratuit pour l'utilisateur. Les deux candidats concessionnaires comptent, à hauteur de 20% ou 25%, sur les revenus du signal crypté réservé aux gouvernements, le PRS. Mais pour le reste, ils doivent trouver des recettes commerciales, en s'appuyant notamment sur les performances techniques de Galileo, bien supérieures à celles de l'actuelle version du GPS. L'un des éléments de la négociation en cours depuis plusieurs mois est d'ailleurs les efforts que feront les autorités de l'Union européenne pour stimuler, voire imposer par la loi, le développement de certaines applications de la navigation par satellite, en particulier dans le domaine des transports. Une redevance sur chaque récepteur Galileo, basée sur un système de droit de propriété intellectuelle, est également à l'étude. Les deux candidats à la concession comptent chacun un constructeur de satellites, Astrium pour EADS/Thales et Alcatel pour Eurely. Mais l'enjeu n'est pas tant d'obtenir la construction des satellites, qui de toute façon se trouvera probablement partagée entre tous les industriels européens, qu'ils soient ou non membres du consortium gagnant. Il est plutôt d'acquérir une position stratégique sur le marché des services utilisant la navigation par satellite. Le marché mondial est en train d'exploser. Il est passé de 10 milliards d'euros en 2002 à 20 milliards en 2003, et devrait avoisiner les 275 milliards d'euros à l'horizon 2020, avec quelques 3 milliards de récepteurs en fonction dans le monde, selon les chiffres de la Commission européenne.
Rédaction
26 janvier 2005
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