La journaliste italienne Lilli Gruber, tête de liste de l'opposition de centre-gauche pour les élections européennes, a annoncé son intention de centrer sa campagne sur la dénonciation du contrôle des télévisions par le gouvernement Berlusconi. "Je centrerai ma campagne et mon travail au Parlement européen sur ce qui est une honte pour un pays comme l'Italie, l'anomalie du conflit d'interêt de Silvio Berlusconi", a-t-elle annoncé lors d'une conférence de presse à l'association de la presse étrangère. "Silvio Berlusconi contrôle la quasi totalité des télévisions du pays et des recettes publicitaires", a-t-elle dénoncé en interpelant ses confrères étrangers. "Quelle serait votre réaction si en Allemagne le chancelier Schroeder contrôlait toutes les chaînes de télévisions privées et publiques", a-t-elle demandé à un journaliste allemand, retournant ensuite la question à ses anciens collègues français et britanniques. Sept chaînes ont une diffusion nationale en Italie. Silvio Berlusconi est propriétaire de trois d'entre elles et d'une régie publicitaire. La RAI, le service public, a trois chaînes et la septième appartient au groupe privé Telecom Italia. Présentatrice vedette du journal de 20H sur la première chaîne de la RAI, Lilli Gruber, 47 ans, a démissionné le 27 avril et annoncé sa candidature aux européennes. "Je veux des règles pour protéger la RAI de l'ingérence injustifiée des partis politiques et des majorités gouvernementales", a-t-elle affirmé. La candidate a dénoncé à cette occasion la multiplication des tentatives de censure dont elle a eu connaissance lorsqu'elle présentait le journal télévisé et lorsqu'elle était en reportage, notamment comme envoyée spéciale en Irak. "Je suis entrée à la RAI il y a vingt ans et j'ai travaillé avec des directeurs et des administrateurs de diverses tendances politiques. Mais jamais jusqu'à maintenant la tentation de mettre l'information au service de la +pensée unique+ de la majorité parlementaire et de gouvernement n'a été aussi manifeste", a-t-elle accusé. "En tout état de cause, j'aurais démissionné de la présentation du journal télévisé", a-t-elle assuré. Lilli Gruber sera tête de liste dans la région du centre et affrontera Silvio Berlusconi, tête de liste de son parti dans chacune des cinq circonscriptions. "Mais Silvio Berlusconi est un candidat virtuel. Quel type de duel voulez vous que j'ai avec lui", a-t-elle souligné. "Il est honteux que des dirigeants politiques soient candidats alors qu'ils n'iront jamais au Parlement européen", a-t-elle déploré. "Le fait d'être connu aide pour la campagne", a-t-elle reconnu. "Mais les électeurs ne donneront pas leur vote à une star de la télévision. Ils le donneront pour des idées et un programme", a-t-elle estimé.
Rédaction
12 mai 2004
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