Les DVD cadeau ou à petits prix proposés dans le cadre d'opérations promotionnelles ne sont pas du goût des organisations d'auteurs et réalisateurs qui y voient une dévalorisation de biens culturels et appellent les pouvoirs publics à réguler le marché de la vidéo. "On traite actuellement les oeuvres comme des yaourts", s'indigne Pascal Rogard, directeur général de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), s'émouvant des cas où les DVD sont vendus pour fidéliser les clients d'une banque ou d'un réseau de stations essence et se prononçant pour "un système de prix unique" comme cela a été fait pour le livre. La SACD, la Société des auteurs réalisateurs producteurs (L'ARP), et la Société des réalisateurs de films (SRF) ont dénoncé "la grande braderie" des oeuvres cinématographiques et audiovisuelles" par les éditeurs de vidéo, fustigeant "les opérations de promotion utilisant ces oeuvres "contrairement à leur destination dans le seul but de faire valoir des campagnes de promotion de produits et services commerciaux n'ayant aucun lien avec la création". Des journaux comme Le Figaro et L'Equipe se sont déjà vendus avec des DVD à petits prix. Télé Poche a emboîté le pas et Le Monde s'apprête à le faire. Mais la presse n'est pas le vecteur de vente qui dérange réellement ces organisations, "compte tenu du soutien de ce média aux activités culturelles". "La dévalorisation est autant symbolique que financière", indique Michel Gomez, délégué général de l'ARP. "A un moment on va se demander: pourquoi acheter un DVD à prix normal, alors que je peux le gagner". Selon M. Rogard, ces opérations promotionnelles rendent difficile le discours anti-piraterie: "je ne vois pas comment on peut mettre des internautes en prison et en même temps dire que les DVD sont distribués quasiment gratuitement", dit-il, à la veille de l'ouverture d'un colloque anti-piraterie à Cannes. Les DVD retenus pour les opérations promotionnelles "ne sont pas les mêmes que ceux que l'on trouve dans les magasins, ce sont des oeuvres plus anciennes. Visiblement elles trouvent leur consommateur", estime de son côté Jean-Yves Mirski, délégué général du Syndicat de l'édition vidéo (SEV). "Dans le cinéma, il y a des exploitations successives. Les oeuvres qui sont piratées à ma connaissance ce ne sont pas les mêmes que l'on trouve dans ces types de DVD. Une oeuvre à un instant donné n'a pas la même valeur qu'ultérieument", ajoute-t-il. Les oeuvres qui sont piratées "n'ont pas encore réalisé leur cycle d'exploitation" et c'est cela qui pose "un vrai problème pour la survie du cinéma", indique-t-il. Pour M. Mirski, c'est plutôt le DVD jetable qui dévalorise le DVD, censé être "un support de conservation du cinéma, du patrimoine". Le syndicat de l'édition vidéo (SEV) a annoncé la semaine dernière une chute de 16% en valeur des ventes de vidéo (DVD et VHS) au 1er trimestre 2004 sur un an, attribuée notamment à la piraterie. Ce chiffre "est très lié à la baisse des prix et à la chute accentuée de la VHS qui est un produit qui est en train de mourir", relève M. Rogard à la SACD.
Rédaction
11 mai 2004
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