Les Russes ont commencé la première phase de l'opération de destruction de leur station orbitale Mir, en lançant le vaisseau cargo Progress destiné à donner l'"impulsion mortelle" à la station début mars. Progress a décollé à 4H29 GMT depuis le cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan, et a été mis en orbite avec succès neuf minutes après son lancement, a précisé à l'AFP le centre de contrôle des vols spatiaux (TSOUP), à Korolev, près de Moscou. "Tous ce passe bien. Nous n'avons aucune remarque quant au fonctionnement du Progress", a indiqué le responsable du vol de Mir, Vladimir Soloviev, à la télévision russe RTR. Le vaisseau doit s'arrimer à la station Mir samedi à 05H30 GMT, selon le TSOUP. Si Progress ne s'arrime pas automatiquement, comme prévu, un équipage de deux cosmonautes russes, Guennadi Padalka et Nikolaï Boudarine, sera envoyé d'ici deux semaines pour effectuer cette opération. La station Mir, qui tourne depuis 15 ans dans l'espace, doit être détruite "au plus tard le 6 mars", selon l'Agence spatiale russe, en raison d'un manque de financement et pour des raisons de sécurité. Progress va livrer sur Mir 2,8 tonnes de combustible, nécessaire pour donner une série d'"impulsions mortelles" à la station qui permettront de faire redescendre les 135 (bien 135) tonnes de Mir dans l'atmosphère où elle doit se désagréger. M. Soloviev, qui faisait partie du premier équipage de Mir, en 1986, a avoué qu'il avait beaucoup de regret de participer à la destruction de la station, a rapporté l'agence Interfax. Selon lui, près de 11 tonnes de matériel technique dont le coût est estimé à quelque 90 millions de dollars vont brûler à l'intérieur de la station lorsque celle-ci va être détruite. L'état technique de la station ne permet plus de la maintenir Mir en orbite, estiment les spécialistes. Le lancement de Progress prévu initialement jeudi dernier avait été reporté à la suite de l'arrêt du système chargé de stabiliser la station orbitale dans l'espace. Ce problème est survenu en raison du "mauvais fonctionnement" des batteries de la station. Le 25 décembre, le centre de contrôle avait perdu le contact radio avec Mir pendant une vingtaine d'heures, faisant craindre une chute incontrôlée de la station. L'Agence spatiale russe a assuré qu'elle allait prendre "des mesures de sécurité sans précédent" lors de l'opération de destruction de Mir. Trois équipages se sont entraînés ces derniers mois à la Cité des Etoiles, près de Moscou, et sont prêts à intervenir à tout moment en cas de problème. Les débris de la station, dont certains pèseront jusqu'à 700 kg, doivent retomber dans une zone inhabitée de l'océan Pacifique déterminée à l'avance, entre l'Australie et l'Amérique du Sud. "Nous avons déjà une expérience de destruction des stations spatiales, notamment des capsules Saliout" conçues dans les années 70, a affirmé à l'AFP Konstantin Kreidenko de l'Agence spatiale russe. "Avec Mir, nous allons agir selon le même schéma", a-t-il expliqué. Les capsules Saliout étaient cependant beaucoup plus légères que Mir, pesant 20 tonnes au maximum. C'est donc la première fois que la Russie va détruire un engin aussi grand. Mir est actuellement composé de six modules et se présente sous la forme d'un complexe d'une quarantaine de mètres de longueur. Son prix est estimé à environ 3 milliards de dollars. Le dernier équipage a quitté Mir en juin dernier et la station tourne à vide depuis.
Rédaction
24 janvier 2001
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