L'incertitude persistait sur le sort du robot européen Beagle 2 quarante-huit heures après son arrivée prévue sur Mars, à la suite de l'échec de deux nouvelles tentatives d'établir le contact avec lui vendredi soir. La sonde américaine Mars Odyssey, qui a survolé vendredi peu après 18h00 GMT la zone où le robot devait se poser, et le radiotélescope géant de Jodrell Bank, près de Manchester (Grande-Bretagne), ont tenté en vain de capter le signal attendu, une séquence de neuf notes de musique du groupe de pop britannique Blur. "L'observation de cette nuit pour un signal de Beagle 2 par le télescope Lovell de 250 pieds (76 mètres) de l'Observatoire de Jodrell Bank, dans le Cheshire, au Royaume-Uni, a été infructueuse", ont affirmé les responsables du projet dans un communiqué. "Aucun signal venant de Beagle 2 n'a été détecté pendant le passage de Mars Odyssey ce soir", indiquait auparavant le site internet officiel du projet www.beagle2.com. Un premier passage de Mars Odyssey jeudi à 06H30 GMT puis une observation du télescope de Jodrell Bank entre 22h00 GMT jeudi et 00H30 GMT vendredi n'avaient donné aucun résultat. Quatre tentatives pour déterminer le sort du robot après son arrivée sur la surface de Mars, prévue à 02H54 GMT jeudi, qui s'est déroulée "à l'aveugle", ont donc échoué. La cinquième possibilité se présentera au prochain passage de Mars Odyssey samedi à 06H15 GMT. Le silence du robot, qui a pour mission de détecter des traces de vie passée ou présente sur Mars, a terni le succès de la mise en orbite de la sonde de l'Agence spatiale européenne (ESA) Mars Express au matin de Noël, après 6 mois de croisière, soit un parcours de 400 millions de km vers Mars, la première mission interplanétaire de l'Europe spatiale. Les responsables du projet s'affirment néanmoins persuadés que le robot s'est posé. Beagle 2 est une des plus spectaculaires parties de la mission mais ne représente que 10% du travail scientifique de Mars Express, soulignent les scientifiques de l'agence européenne. Le robot, imaginé par le professeur britannique Collin Pillinger, qui avait répondu à un appel d'offres de l'ESA pour la charge utile de Mars Express, est équipé d'une micro-caméra et d'une "taupe" prévue pour s'enfoncer sous la surface martienne et prélever, ce qui serait une première, des échantillons du sous-sol. M. Pillinger, qui doit donner une conférence de presse samedi, a rappelé vendredi qu'il existait au moins une dizaine d'autres "fenêtres" de communication possible avec l'engin, soit avec Mars Odyssey, soit avec Jodrell Bank ou avec l'observatoire de l'Université de Stanford (Etats-Unis). Il existe plusieurs explications possibles au "mutisme" du robot : il a pu dévier de sa trajectoire pour se poser plus loin que prévu, ou alors son antenne, mal orientée, n'a pu établir le contact avec Mars Odyssey. Les plus pessimistes envisagent qu'il ait pu s'écraser. Selon M. Pillinger, il pourrait y avoir une incompatibilité de logiciel entre Beagle 2 et Mars Odyssey car, faute de temps, il n'y a pas eu de tests approfondis de ce lien. Mais la meilleure chance de reprendre contact avec le robot réside peut-être dans l'orbiteur lui-même. Mars Express, qui doit attendre sa position de travail définitive sur une orbite polaire le 30 décembre, sera en principe en mesure de recevoir les éventuels signaux du robot à partir du 4 janvier. Tous les vaisseaux lancés vers la planète rouge sont conçus en effet pour pouvoir communiquer entre eux et servir de relais radio vers la Terre. C'est ainsi que Mars Express sera amenée à relayer des informations provenant des deux robots américains Spirit et Opportunity, attendus sur Mars en janvier.
Rédaction
27 décembre 2003
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