Rédaction
22 septembre 2003

Mata Hari était un bouc émissaire", estime la comédienne Maruschka Detmers qui incarne le rôle de la célèbre espionne dans la fiction qu'Alain Tasma présente au 5e festival de la fiction de Saint-Tropez (18-21 septembre). "Mata Hari, la vraie histoire", produite par Mag Bodard pour France 3, est présentée hors compétition. Pour donner vie à cette figure mythique, fusillée en 1917 à Vincennes, la comédienne d'origine néerlandaise, comme Mata Hari, affirme : "Je ne l'ai abordée que par la sincérité. C'est un personnage qui a des vérités multiples". Pour l'actrice, née dans un village à quelques kilomètres de Leeuwarden, la ville natale de la belle espionne, "Mata Hari a été condamnée par une société en ébullition qui avait besoin d'un bouc émissaire pendant la guerre de 14. Elle ne méritait pas d'être fusillée. Elle a été choisie parce qu'elle était extraordinairement connue, c'était la première grande star du siècle. Les soldats dans les tranchées avaient des boîtes d'allumettes à son effigie". Le scénario et les dialogues ont été écrits par Philippe Collas, arrière-petit fils du capitaine Bouchardon (interprété par Bernard Giraudeau), le magistrat qui a instruit le dossier de Mata Hari. Il a focalisé le récit autour des semaines qui précèdent le jugement de l'espionne. Pour lui, "elle est légalement coupable et en même temps, légitimement innocente". Maruschka Detmers la décrit comme une personnalité double et estime que "c'est une erreur de mettre en lumière un seul côté". "Entre la légende de la femme légère, dangereuse et traître, ambitieuse et qui aimait l'argent, et la réalité il y avait un écart. C'était aussi quelqu'un de brillant, très intelligent, très cultivé, et extraordinairement digne et sincère". Selon elle, "elle ne s'est jamais rendu compte à quel point le fait d'avoir des contacts avec les Allemands et les Français était dangereux". "On l'a présentée comme une femme fatale, manipulatrice et intrigante mais c'est surtout elle qu'on a manipulée", estime-t-elle, défendant cette héroïne "condamnée d'avance" et qui "avait beaucoup souffert". En définitive, dit-elle, c'est "une société d'hommes qui a condamné une femme pour sa liberté" dans le contexte de la "Grande Guerre".

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