L'émission panafricaine de télé-réalité, "Big Brother Africa", lancée fin mai à Johannesbourg et qui connaît un succès retentissant en Afrique, est vivement critiquée par certaines autorités au Nigeria qui cherchent tous les moyens d'empêcher sa diffusion sur les chaînes locales. "Nous regrettons l'influence corruptrice de ce programme sur notre jeunesse, notre culture et nos valeurs morales", a déclaré à l'AFP l'un des membres du comité de surveillance de la Commission nationale de radio-diffusion (NBC). Les 12 colocataires participant à "Big Brother Africa" ont déjà conquis des millions de téléspectateurs à travers le continent, qui les regardent fidèlement exhiber leur vie quotidienne entourés de caméras cachées. Ce programme reprend le format à succès des Big Brothers britannique et hollandais et de Loft Story, l'une de ses déclinaisons françaises: une douzaine de jeunes gens sont regroupés dans un appartement où ils flirtent, boivent, se disputent ... Les téléspectateurs votent périodiquement pour éliminer l'un des participants, le dernier qui reste remportant à la fin du jeu, le 3 septembre, une somme d'argent. Le Big Brother africain a la particularité d'avoir réuni des candidats africains anglophones en provenance de douze pays différents, ajoutant ainsi une dose de problèmes culturels aux traditionnelles intrigues romantiques du programme. Mais tandis que les jeunes Africains aisés qui ont accès à la télévision par satellite et à la chaîne sud-africaine DSTV ou aux retransmissions locales ont été séduits par le jeu, Big Brother Africa a déclenché une levée de boucliers de la part de l'opinion conservatrice à travers le continent. Contrairement aux caméras de certaines émissions européennes équivalentes, celles de Big Brother Africa ne s'arrêtent pas à la porte de la salle de bain, et la douche quotidienne des séduisants participants est l'un des moments-phares de l'émission. Dans leurs chambres, les colocataires africains sont également allés un peu plus loin que leurs homologues européens, conduisant certains commentateurs à qualifier l'émission de pornographique. Ils sont en tous cas allés trop loin pour les organismes de surveillance nigérians. "Nous étudions actuellement les implications légales des mesures que nous allons prendre contre les chaînes de télévision qui diffusent Big Brother Africa", a indiqué un responsable de la NBC, sous couvert de l'anonymat. "Big Brother Africa, tel qu'il est diffusé actuellement, est une insulte à la culture nigériane et constitue une violation de la vie privée", a-t-il continué. "Au Nigeria et dans la plupart des pays africains, nous ne parlons pas de la sexualité et nous ne la montrons pas. Dans certaines régions du Nigeria, il est même impudique de révéler le nombre d'enfants qu'a un homme", a-t-il ajouté. Ironiquement, certains observateurs ont insisté en Afrique du Sud sur le fait que l'émission avait en fait contribué à améliorer l'image des Nigérians sur le continent. Alors que beaucoup d'Africains du sud et de l'est du continent croient que les Nigérians sont paresseux et malhonnêtes, le participant nigérian, Bayo, a imposé l'image d'un jeune homme doux et populaire, qui ne rechigne pas à participer aux taches ménagères.
Rédaction
22 juillet 2003
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