AOL
 

Rédaction
19 mai 2003

Le nouvel homme fort d'AOL Time Warner, Richard Parsons, a demandé à ses actionnaires réunis vendredi en assemblée générale de lui faire confiance pour redresser le géant mondial des médias, dont la valeur en bourse s'est effondrée depuis trois ans en raison de ses déboires dans l'internet. Dick Parsons, PDG depuis mai 2002, est devenu officiellement vendredi président du conseil d'administration du groupe en remplacement de Steve Case, fondateur d'America Online (AOL), qui avait annoncé sa démission à la mi-janvier pour apaiser la colère des actionnaires. Le passage de relais s'est fait lors de l'assemblée générale annuelle des actionnaires, qui se tenait à Landsdowne, en Virginie (nord-est). Les deux principaux postes de direction sont désormais occupés par une seule et même personne pour la première fois dans la courte histoire du conglomérat, issu de la mégafusion conclue en janvier 2001 entre le fournisseur de services internet AOL et le groupe de médias Time Warner. Une fusion aujourd'hui très controversée, puisque la fuite des annonceurs publicitaires qui assuraient à la fin des années 90 l'insolente santé d'AOL a relégué l'internet au rang de division à problème. La forte dépréciation de la valeur d'AOL a conduit le groupe a déclaré une perte nette historique de près de 100 milliards de dollars pour 2002. "Il y a de bonnes raisons d'être confiant dans le futur de l'entreprise", a assuré Dick Parsons, en insistant sur les espoirs placés dans le développement de l'accès internet à haut débit, pour au moins éviter davantage de désabonnements (AOL en a déploré 290.000 au 1er trimestre aux Etats-Unis). En ouvrant l'assemblée générale, M. Parsons a souligné les "réels progrès" dans l'application de la stratégie dévoilée en décembre, axée, notamment grâce au haut débit, sur une meilleure distribution des "contenus" de Time Warner (presse, musique, télévision) aux abonnés d'AOL. A titre d'exemple, ceux-ci sont prioritaires pour écouter les nouveautés du label Warner Music. Outre l'explosion de la bulle internet et la chute des recettes publicitaires qu'elle a entraînée, le manque criant de synergies voire une ignorance mutuelle entre AOL et Time Warner expliquent aussi, selon les analystes, la crise que traverse aujourd'hui le numéro un mondial des médias. Dans les semaines qui ont suivi la fusion l'action AOL Time Warner avait dépassé les 55 dollars. Elle valait moins de 14 dollars vendredi à la mi-journée à New York. Devant les actionnaires, qui ont approuvé la nomination des 13 administrateurs proposés (dont neuf indépendants de la direction), Dick Parsons a également rappelé son objectif de réduire de 26 à 20 milliards de dollars, d'ici fin 2004, la dette globale du groupe. Un tiers du chemin a déjà été parcouru: "depuis le début de l'année 2 milliards déjà" ont été dégagés avec des cessions d'activités ou de parts d'activités, a-t-il dit. La première grande cession, conclue le 22 avril, a été la vente au groupe Viacom, pour 1,2 milliard USD, des 50% de parts détenues dans la chaîne de télévision Comedy Central. Plus récemment encore AOL Time Warner a trouvé acheteur pour deux de ses trois équipes de sport d'Atlanta (sud) ce qui pourrait, selon la presse, rapporter jusqu'à 400 millions USD. Quant à la double enquête du ministère de la Justice et du gendarme de la bourse (SEC) sur les finances d'AOL à l'époque de la fusion (2000-2001), Dick Parsons s'est contenté d'affirmer qu'il allait "continuer les efforts de coopération". Au lendemain de résultats du groupe plutôt encourageants pour le 1er trimestre, l'agence de notation financière Standard and Poor's avait souligné fin avril que cette double enquête et les plaintes d'actionnaires liées aux mêmes soupçons de manipulations comptables représentaient un problème "aussi important" que celui de la dette.

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