Le journaliste Philippe Lafaix a réalisé en 2002 un documentaire de 53 minutes, "La loi de la jungle", qui tend à démontrer que le département de la Guyane française est une "zone de non-droit" où l'Etat aurait de fait renoncé à faire respecter la légalité. Ce documentaire, produit par F Productions et distribué par M5 Audiovisuel, montré à la presse la semaine dernière, sera projeté au Mipdoc, le marché international du documentaire qui aura lieu du 22 au 23 mars à Cannes. "Ce qui se passe en Guyane est absolument tragique", a déclaré M. Lafaix en évoquant l'environnement, l'action policière et l'immigration clandestine dans la forêt équatoriale. Le film explique notamment que la France participe à la déforestation en laissant le champ libre aux orpailleurs qui abattent des hectares de forêt sans être inquiétés, et empoisonnent les amérindiens en relâchant plusieurs tonnes de mercure chaque année. Il critique aussi, avec l'interview de scientifiques, la déforestation par la construction du barrage EDF de Petit-Saut qui a noyé des milliers d'hectares de forêt dans les années 1990. Le reportage affirme également que la France a renoncé à faire appliquer la justice, laissant notamment l'un des plus gros orpailleurs rivaliser avec les représentants de l'Etat et mettre en place une milice de tortionnaires, voire de tueurs, qui "règne par la terreur" dans la forêt, selon un avocat de Cayenne et un médecin du SAMU. Un certain nombre des victimes de cette terreur, liée aux intérêts économiques et illégaux des orpailleurs, qui témoignent à visage découvert, sont des immigrés clandestins brésiliens. Ceux-ci n'existent pas légalement et les quelques gendarmes locaux n'ont pas les moyens de les repérer ni de les reconduire à la frontière. Le film évoque la corruption des administrations comme cause du laisser aller. Il montre les explications embarrassées de certains représentants de la justice, de l'Office national des forêts, d'EDF, ou de la DRIRE.
Rédaction
4 mars 2003
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