Trois collaborateurs, dont un très proche, du milliardaire algérien Abdelmoumène Khalifa, ont été arrêtés lundi soir à l'aéroport d'Alger pour infraction à la réglementation sur le contrôle des changes. Ces trois cadres de Khalifa, un groupe algérien opérant notamment dans la pharmacie, l'aviation, la banque, et l'audiovisuel, ont été interpellés en possession de mallettes contenant 2 millions d'euros non déclarés, alors qu'ils s'apprêtaient à embarquer à destination de Paris à bord de l'avion privé du milliardaire. Cette somme aurait été changée sur le marché parallèle d'Alger au cours des jours précédents. Ce marché parallèle est florissant dans la capitale algérienne où un euro s'échange à 100 dinars, alors qu'au taux officiel un euro vaut 85 dinars. Les enquêteurs auraient saisi une somme de même ordre en euros lors d'une perquisition au domicile de l'un des collaborateurs de l'homme d'affaires algérien. Les trois hommes ont été placés sous mandat de dépôt, a-t-on précisé. Ces arrestations n'étaient pas confirmées officiellement jeudi à Alger. Le groupe Khalifa, qui a connu un très fort développement depuis 1999, emploie plus de 10.000 personnes. Le groupe a procédé la semaine dernière à une grande campagne de recrutement. De nombreux jeunes algériens se sont précipités à la direction générale à Chéraga, sur les hauteurs d'Alger, pour tenter d'être engagés dans l'une des nombreuses filiales du groupe. Lors de la clôture des dépôts de demandes d'emplois des incidents se sont produits et un postulant a été sérieusement blessé dans une bousculade, selon la presse algérienne. Le patron et fondateur du Groupe éponyme, Abdelmoumène Rafik Khalifa, un pharmacien de 38 ans, a bâti une fortune fulgurante en quatre ans saisissant toutes les opportunités de la libéralisation économique de l'Algérie qui a rompu depuis 1994 avec le socialisme étatique. Partant d'une entreprise pharmaceutique familiale, ce fils d'un ministre de Ahmed Ben Bella, premier président algérien, s'est lancé en 1992 dans la production de médicaments génériques (KRG Pharma) avant d'être un des premiers à bénéficier de l'ouverture du secteur bancaire en 1997 en créant la banque Khalifa, puis Khalifa Airways en septembre 1999 qui compte une trentaine d'avions. Cette ascension foudroyante a fait de Khalifa le premier groupe privé algérien parrainant notamment le club français de l'Olympique de Marseille en football ou investissant dans une télévision, Khalifa TV (KTV), émettant de Paris et Londres.
Rédaction
1 mars 2003
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