L'opérateur Inmarsat met en garde, par la voix de son PDG, Rajeev Suri, contre les risques pour la durabilité et l'innovation posés par « l'expansion non gérée » de l'industrie spatiale.
Selon ce responsable, une expansion incontrôlée pourrait aggraver les dommages environnementaux, étouffer l'innovation et saper la capacité à long terme des satellites à lutter contre le changement climatique.
« L'espace est de plus en plus important pour la création d'un monde durable. Alors que le rôle de nouveaux acteurs - avec de nouveaux investissements et innovations - est à saluer, l'espace est un atout trop important pour être guidé par une réflexion à court terme. Pour protéger notre avenir commun, il doit y avoir une approche commune et des règles communes qui protègent également l'environnement spatial. », a-t-il affirmé à la conférence de la Royal Aeronautical Society.
M. Suri a indiqué ses trois principaux domaines de préoccupation :
Les méga-constellations en orbite terrestre basse risquent de créer une quantité massive de débris spatiaux :
« Les méga-constellations parlent de dizaines de milliers de nouveaux satellites au cours de cette décennie - des satellites avec une durée de vie prévue de seulement cinq à dix ans. Les débris qui en résultent créent des dangers non seulement sur une orbite particulière, mais pour tout ce qui passe par cette orbite. »
L'impact d'une croissance non maîtrisée sur l'environnement mondial :
« L'enjeu environnemental n'est pas bien compris. La revue Nature a noté que les rentrées de satellites à partir de l'une des méga-constellations seules pourraient déposer plus d'aluminium dans la haute atmosphère terrestre que ce qui est déposé par les météoroïdes, devenant ainsi la principale source d'alumine de haute altitude. Cela risquerait de refléter le rayonnement solaire de manière incontrôlée, ce qui, selon des scientifiques chevronnés, pourrait avoir de graves conséquences pour l'environnement sur Terre.
L'impact de « l'exclusion orbitale » sur la concurrence et l'innovation :
« Il y a le problème qui est poliment connu sous le nom de « congestion orbitale », mais que j'appelle, un peu plus directement « l'exclusion orbitale ».
« Quels sont les risques qu'une seule entreprise ou un seul pays puisse placer autant de satellites sur une seule orbite qu'aucun autre ne puisse s'y intégrer ? Est-ce bon pour la concurrence et l'innovation ? Est-ce bon pour le consommateur ? Peut-être, peut-être pas... mais une réflexion plus globale sur cette question serait sage avant qu'il ne soit trop tard. »
« Pour être clair, les constellations LEO ont un rôle à jouer, et nous avons des plans pour notre propre petite constellation de satellites LEO très ciblée dans le cadre de notre réseau ORCHESTRA du futur. Je n'ai aucune objection à une action rapide, tant que cette action est également raisonnable à long terme. Je ne pense pas que nous en sachions assez maintenant pour dire s'il s'agit d'un problème grave ou non, mais comprenons mieux et agissons ensuite. », a-t-il conclu.
On l'aura compris, c'est surtout la nouvelle concurrence qui inquiète l'opérateur, visant sans les citer les entreprises SpaceX, Amazon, Oneweb et autres constellations de pays comme le projet de méga-constellation haut débit de la Chine, qui s'intéressent au même marché que celui d'Inmarsat.
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