La course à la reprise de KirchMedia, principale entité de l'empire en déconfiture de Leo Kirch, semble relancée avec le dépôt d'une offre par le producteur américain Haim Saban qui pourrait être rejoint par le français TF1. KirchMedia a indiqué avoir reçu une offre formelle de rachat de Haim Saban, qui s'était déjà porté acquéreur de KirchMedia l'an dernier mais sans succès. L'étape suivante -- l'offre dite contraignante -- devrait intervenir "sous peu" quand le milliardaire américain se sera trouvé un allié financier pour partir à la conquête de KirchMedia, de ses chaînes de télévision et de son gigantesque catalogue de films et de séries télévisées. Il pourrait s'agir du groupe privé français TF1, qui s'était déjà associé à Haim Saban pour une première offre sur KirchMedia l'an dernier. Le groupe de Patrick Le Lay a indiqué mardi étudier le dossier mais a insisté sur le fait qu'il n'avait pas encore pris de décision définitive. De son côté, Haim Saban doit rencontrer jeudi des représentants des banques créancières de KirchMedia, selon des sources proches du dossier, en vue d'élaborer un montage financier pour la reprise du groupe. L'offre de M. Saban constitue un nouveau rebondissement dans la longue et tortueuse saga KirchMedia. A l'automne dernier, le sort du groupe, contraint au dépôt de bilan sept mois plus tôt, semblait scellé. L'éditeur de magazines allemand Bauer Verlag, associé à la banque HypoVereinsbank, était entré en négociations avec les dirigeants de KirchMedia pour racheter la société bavaroise en faillite. La solution avait le mérite de satisfaire tout le monde, en particulier les milieux politiques allemands qui s'inquiétaient de voir KirchMedia éventuellement tomber dans l'escarcelle de groupes étrangers. Peu avant Noël, les parties avaient même annoncé avoir conclu un accord de principe. La signature d'un accord définitif ne semblait être qu'une question de semaines. Deux mois plus tard, aucun document n'a encore été signé. Les négociations semblent piétiner pour des raisons que ni Kirch ni Bauer ne veulent dévoiler. Haim Saban a donc décidé de tenter une nouvelle fois sa chance. Rien de vraiment étonnant pour cet autodidacte de 58 ans, fils d'un petit commerçant et d'une couturière, élevé entre Israël et l'Egypte et qui est un habitué des coups de poker. Dans les années 1980, il réussit ainsi l'un de ses plus gros "coups" en acquérant les droits pour la télévision des "Power Rangers", une série japonaise qui allait passionner des millions d'enfants dans le monde. "Nous sommes très intéressés, nous sommes très sérieux", assurait-il il y a quelques semaines dans une interview à l'hebdomadaire Spiegel. L'homme, connu du tout Hollywood pour sa faconde et son panache, semble pris au sérieux du côté de KirchMedia. L'offre de M. Saban va être "examinée en détails" et "comparée" à celle de l'éditeur Bauer, assure-t-on chez Kirch. L'un des gérants de KirchMedia, Hans-Joachim Ziems, a même récemment reconnu dans une interview que l'Américain avait ces dernières semaines rattrapé une grande partie de son retard sur Bauer. Il pourrait toutefois s'agir d'une ultime manoeuvre de Kirch pour faire pression sur le Bauer Verlag, estiment certains experts des médias. Selon le quotidien Sueddeutsche Zeitung, la proposition du producteur américain est financièrement plus élevée que celle de Bauer, qui pourrait s'élever à quelque 2 milliards d'euros, selon des sources proches des négociations. Le porte-parole de KirchMedia, de son côté, s'est contenté de souligner qu'elle avait été "améliorée" par rapport à la précédente proposition soumise par M. Saban.