"90 minutes", le magazine d'investigation de la cellule enquête de la rédaction de Canal+, dirigé par le directeur adjoint de la rédaction Paul Moreira et désormais mensuel, fête ses trois ans ce 6 janvier à 22h40 avec deux sujets de société, "Fast-food : une fabrique à obèses ?" et "L'Argent secret des syndicats". "Nous croyons que le journalisme contribue à changer le monde, par petites touches", expliquent les journalistes dans une note d'intention. En trois ans d'existence, si "90 minutes" n'a pas fait "fermer un bagne" à l'instar du journaliste Albert Londres, nombre d'enquêtes du magazine ont été versées à des dossiers de la justice, souligne la chaîne. "C'est une émission qui a tenu ses promesses en offrant des armes à la société civile", selon Paul Moreira. Luc Hermann et Michel Despratx se sont interrogés sur le phénomène de l'obésité et la communication omniprésente des marques agroalimentaires. Des familles américaines commencent à attaquer les chaînes de restauration rapide en justice pour manque d'information. Aux Etats-Unis, un enfant sur quatre est obèse. Dans ce même pays, les marques agroalimentaires investissent les écoles dès la maternelle. Un enfant qui lit 24 livres dans le mois décroche une pizza. "On s'occupera de sa santé plus tard", rétorque une institutrice. Pour apprendre à compter, les tranches de pizza Domino sont mises à contribution. Et les bambins mémorisent la marque au passage. Des proviseurs mettent Pepsi et Coca-Cola en concurrence pour les contrats des distributeurs de boissons dans les couloirs, afin de financer le matériel scolaire. Les élèves regardent le matin en classe le programme de Channel One. Défense de s'absenter pendant la coupure pub. "Pour vendre leurs snacks hyper-caloriques, les marques communiquent sur le thème +bon pour la santé+, et inventent des arguments pseudo-nutritionnels", souligne l'enquête. Patrice des Mazery et Thierry Vincent se sont eux penchés sur le financement des syndicats français, découvrant des sponsors bidons, des syndicats dont la création est impulsée par la direction, des financements déguisés via des publicités dans des magazines syndicaux ou la formation : "pour dix stagiaires financés, il n'y aurait souvent que 4 ou 5 stagiaires", indique le reportage. Les enquêteurs se sont aperçus que "pour maintenir leur train de vie, alors que les cotisations diminuent, certains piochent dans les caisses des comités d'entreprise". "CGC, CFDT, CGT, FO, reçoivent aussi de l'argent des entreprises. Les syndicats peuvent-ils dans ces conditions rester indépendants?", s'interrogent les journalistes. Créé en janvier 2000, "90 minutes" est devenu mensuel depuis la rentrée de septembre en alternance avec la série documentaire "Jusqu'ici tout va bien" de John Paul Lepers, avec des portraits de grands de ce monde, des enquêtes et des documentaires.