Une "suite fatale d'événements", qui restent encore à analyser, a conduit à la perte de la première Ariane "10 tonnes", qui a été détruite au-dessus de l'Atlantique quelques minutes après son décollage de Kourou mercredi soir, a déclaré devant la presse jeudi Jean-Yves Le Gall, directeur général d'Arianespace. Après un décollage normal à 22h21 GMT, Ariane 5-ECA connaît sa première anomalie, au bout de 96 secondes de vol: une baisse de pression du circuit de refroidissement de la tuyère du moteur cryotechnique (à hydrogène et oxygène liquides) Vulcain-II. Selon le récit de M. Le Gall, la mission se poursuit jusqu'à 178 secondes. Entre 178 et 186 secondes, une "forte perturbation du fonctionnement" du moteur Vulcain entraîne une "perturbation importante dans le contrôle du vol du lanceur". "Les raisons profondes de cette perturbation du moteur ne sont pas établies" et il est "trop tôt pour dire que le moteur Vulcain a eu une défaillance", a souligné le "patron" d'Arianespace. Après 187 secondes, la séparation de la coiffe qui abrite les satellites s'est produite comme prévue, mais cette "manoeuvre normale" a eu lieu "alors que l'attitude du lanceur et sa trajectoire n'étaient pas bonnes". Le dysfonctionnement s'est produit "au niveau des étages inférieurs" (constitué de l'étage principal cryotechnique et de deux accélérateurs latéraux à poudre) et ne concernait donc aucunement le nouvel étage supérieur (cryotechnique également) du lanceur. Il s'en suit immédiatement "une perte de contrôle du lanceur, qui part dans une trajectoire erratique", a précisé M. Le Gall. Après avoir culminé à 150 km, la fusée européenne poursuit sa course et, à 455 secondes du décollage, la procédure de sauvegarde est déclenchée et l'ordre de destruction du lanceur est donné (depuis le sol). La fusée se trouve alors à 69 km d'altitude, puis retombe, avec ses deux passagers, le satellite de télévision Hot Bird-7, de l'opérateur européen EUTELSAT, et le satellite de télécommunications expérimental STENTOR, du Centre national d'études spatiales (CNES, France) dans les eaux de l'Atlantique, entre 800 et 900 km des côtes de Guyane. Les deux accélérateurs à poudre, qui "assistent" pendant les deux premières minutes du vol le moteur Vulcain du premier étage cryotechnique, sont en train d'être récupérés au large. Une Commission d'enquête indépendante va être nommée. Elle commencera son travail dès lundi avec une double mission: établir si cet échec "peut avoir des conséquences sur Ariane-5 dans sa version de base", et permettre un nouveau lancement de la nouvelle Ariane "le plus vite possible". Le prochain lancement prévu à Kourou, celui d'une Ariane-4 qui doit mettre sur orbite NSS-6 pour le compte de New Skies Satellites NV, est maintenu au 17 décembre. Ce tir sera le 12ème et dernier de l'année. Ariane-5 devait revoler dans sa version "classique" le 15 janvier pour mettre sur orbite le satellite scientifique européen Rosetta en direction de la comète Wirtanen. M. Le Gall s'est voulu confiant sur la suite du calendrier. "C'est vrai qu'il y a de la concurrence, mais nous n'avons pas, pour le secteur spatial, l'exclusivité des difficultés. On a beaucoup parlé des lancements réussis de nos deux concurrents américains (Delta-4 et Atlas-5), mais nous avions réussi la même chose cinq ans avant eux", a-t-il relevé. "C'est une péripétie, je suis certain que nous allons nous relever de cette difficulté très rapidement. Nous allons repartir en vol le plus vite possible. La ligne stratégique d'Arianespace ne sera en rien changée", a-t-il assuré.
Rédaction
13 décembre 2002 à 01h00
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