L'administrateur judiciaire du groupe de médias allemand KirchMedia, Michael Jaffé, a fait état de mouvements financiers "nécessitant éclaircissement" au sein du groupe peu avant son dépôt de bilan en avril dernier, dans un entretien à l'hebdomadaire Focus à paraître lundi. Les experts-comptables de la société Schumacher et Partner, qui viennent de remettre leur rapport à la commission des créanciers du groupe, "ont constaté des mouvement nécessitant certainement des éclaircissements. Ces flux de capitaux vont maintenant être examinés juridiquement", a déclaré l'administrateur judiciaire "Il ne faut pas cependant juger trop vite. Les choses sont trop complexes, et l'on peut rapidement faire fausse route si l'on s'en tient à un seul point de vue. Il faut, en outre, entendre la version de l'autre partie", a-t-il ajouté, affirmant ne pas pouvoir "juger" des éventuelles conséquences judiciaires pour le fondateur et ancien patron du groupe, Leo Kirch et son ancien bras droit Dieter Hahn. "Nous ne sommes pas les autorités judiciaires", a-t-il dit. Interrogé sur le versement présumé par Leo Kirch de 50 millions d'euros sur trois ans à un bureau de paris londonien, M. Jaffé à répondu: "je ne souhaite pas me prononcer là-dessus. Le cas est trop complexe". Il a d'autre part affirmé que "le parquet", sans préciser de quel instance il s'agissait, "a réclamé les documents" concernant la part de 25% que détenait Kirchmedia dans la télévision espagnole Telecinco et que la Dresdner Bank a récupérés à la suite de la faillite du groupe. "Soit le parquet saisit de tels documents, soit la direction les lui donne. Nous étions coopératifs", a t-il affirmé. KirchMedia avait annoncé le 30 octobre qu'il allait être repris par un consortium formé notamment de l'éditeur de presse Bauer Verlag et de la banque allemande HypoVereinsbank. L'administrateur judiciaire a en outre émis l'hypothèse que Taurus TV, la holding de tête des activités de KirchMedia, "pourrait être menacée de dépôt de bilan si elle était contrainte de participer au financement" du rachat par la Deutsche Bank des 40% que Kirch détenait dans l'éditeur allemand Springer. A l'origine, le groupe de Leo Kirch avait apporté sa part de 40% dans Springer en garantie pour l'obtention d'un prêt de quelque 720 millions d'euros auprès de la Deutsche Bank. Depuis, Kirch a déposé son bilan et s'était avéré dans l'incapacité de rembourser ce prêt. Après moult rebondissements juridiques, la Deutsche Bank avait donc récupéré à la fin de l'été le paquet d'actions Springer mais seulement en gage. Le 8 octobre, elle avait acquis cette part au cours d'une vente aux enchères, pour 667,3 millions d'euros. Le lendemain, la veuve du fondateur de l'éditeur, Friede Springer, rachetait 10,4% des parts du groupe auprès de la Deutsche Bank.
Rédaction
11 novembre 2002
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