ARTE propose ce soir "Comment ça va la santé publique?", une grande enquête de Jean-Michel Meurice et Fabrizio Calvi, déjà auteurs pour cette chaîne de "Série noire au Crédit Lyonnais" et "Elf, une Afrique sous influence". Au moment de l'annonce par le gouvernement d'un plan de modernisation de la santé publique, cette enquête fait une radioscopie du système de soins français comparé à ceux de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne. Confronté à une crise sociale et financière, à des problèmes de recrutement, le système français est loin d'être bien portant, même si pour les patients il reste l'un des meilleurs. Les coûts hospitaliers en France sont les plus élevés d'Europe et tous les professionnels dénoncent l'opacité de ce système où les actes inutiles sont encore trop nombreux. Le premier volet de l'enquête "Comment ça va les soins?", riche de nombreux témoignages tant en France qu'en Angleterre et en Allemagne, fait le constat global d'un déséquilibre croissant entre les progrès réalisés par la médecine et les moyens existants pour l'exercer de façon optimale, situation encore aggravée par le vieillissement général de la population européenne. En Grande-Bretagne, où le système est public à 90%, le contrôle des actes et des dépenses engagées est draconien: l'implantation de pace-makers a été supprimée pour les personnes de plus de 75 ans, un tiers des lits hospitaliers ont été supprimés en 15 ans et il y en a aujourd'hui deux fois moins qu'en France ou en Allemagne. Mais il faut attendre huit mois pour consulter un spécialiste et un an pour une opération. On envoie dans des cliniques privées en France des patients qui ne peuvent plus attendre. En Allemagne, le système de santé est financé par 250 caisses d'assurance maladie publiques ou privées dont certaines limitent la durée des prises en charge. Un budget est imposé aux médecins et, à Berlin par exemple, selon les auteurs, certains cancéreux se voient refuser l'accès à des médicaments coûteux. Dans les hôpitaux, manque de personnel et urgences surchargées sont aussi la règle et il n'est pas rare, pour libérer un lit, de laisser partir après intervention, un patient qui saigne encore. En France, alors qu'infirmières, sages-femmes et médecins protestent contre leurs conditions de travail, un rapide passage au CHU de Montreuil (Seine-Saint-Denis) où 70% des patients aux urgences bénéficient de la CMU (couverture maladie universelle), donne un aperçu de la misère sociale et de la violence. "Ce sont quasiment des patients du quart-monde", soupire une responsable. La crise est là. La durée moyenne de vie des Européens augmente de trois mois chaque année. Il y a déjà pénurie d'anesthésistes et d'ophtalmologistes et bientôt de chirurgiens, soulignent les auteurs. Compte tenu de la durée de la formation (dix ans en moyenne), les problèmes sont loin d'être réglés. La deuxième partie de l'enquête est consacrée aux stratégies financières des laboratoires pharmaceutiques en France et en Allemagne et sera suivie d'un débat animé par Tita von Hardenberg. La troisième partie, diffusée le 25 septembre dans "les mercredis de l'Histoire", s'intéressera à la sécurité sanitaire.
Rédaction
24 septembre 2002
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