La crise de la télévision publique portugaise RTP a connu hier un nouveau rebondissement avec le rejet par la Cour constitutionnelle d'une loi transformant le mode de désignation du conseil d'administration. La cour a jugé inconstitutionnelles les modifications de la loi sur la télévision proposées par le gouvernement de centre droit et adoptées par l'Assemblée. Elle a estimé qu'elles ne préservaient pas l'indépendance du service public de télévision vis-à-vis du gouvernement, a-t-on appris de source officielle. Le gouvernement veut conserver une seule chaîne généraliste de la RTP au lieu de deux et retirer à la télévision publique les recettes de la publicité. Mais le nouveau conseil d'administration de la RTP désigné par le gouvernement pour mettre en oeuvre ces orientations a été refusé par un comité de sages. Le Conseil d'opinion, organe de 37 membres, a opposé le 16 mai son veto aux personnalités pressenties par l'exécutif, estimant notamment que les projets gouvernementaux mettaient en cause la "souveraineté nationale" Le gouvernement a dans la foulée fait voter par le Parlement une loi retirant au Conseil d'opinion le pouvoir de se prononcer sur la composition du conseil d'administration de la RTP. Mais le 31 mai le président socialiste portugais Jorge Sampaio renvoyait la loi devant la Cour constitutionnelle, afin qu'elle se prononce sur la manière dont est garantie l'indépendance de la télévision publique vis-à-vis du gouvernement, conformément à la constitution. Le ministre en charge du dossier Nuno Morais Sarmento ne s'est pas avoué battu, soulignant que la décision de la Cour constitutionnelle ne remettait pas en cause les projets du gouvernement de ne garder qu'une chaîne généraliste de service public et de nommer un nouveau conseil d'administration. Le Premier ministre José Manuel Durao Barroso avait assuré lundi qu'il respecterait la décision de la Cour constitutionnelle. Mais certains quotidiens prêtent au gouvernement l'intention de fermer purement et simplement la RTP pour créer une nouvelle entreprise de télévision publique allégée. Le programme du gouvernement pour la télévision publique a suscité une vive polémique au Portugal. La droite et la gauche se rejettent la responsabilité d'une gestion qui a mis la RTP en dix ans au bord de la faillite, avec un passif cumulé d'un milliard d'euros. Les employés de la RTP ont manifesté à plusieurs reprises leur hostilité à la fermeture d'une chaîne. "Nous restons ouverts au dialogue pour le maintien du service public qui ne peut être assuré qu'avec deux chaînes", a déclaré mardi soir Henriqueta Sabino représentante du personnel. Le Parti socialiste, dans l'opposition, s'est déclaré prêt à "une alliance nationale élargie" avec le gouvernement de centre droit sur la télévision publique par la voix de son secrétaire général Eduardo Ferro Rodrigues.
Rédaction
12 juin 2002
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