Un vent de relatif optimisme souffle sur le lancement de la télévision numérique terrestre (TNT) en France, avec, coup sur cdeux études économiques et un sondage qui viennent contrebalancer les mauvaises nouvelles en provenance de Grande-Bretagne et d'Espagne. A peine installé dans ses fonctions, le ministre de la Culture et de la Communication Jean-Jacques Aillagon a estimé urgent de "se donner le temps de réfléchir" à ce vaste chantier qui doit permettre dès la fin de l'année aux téléspectateurs de recevoir jusqu'à 33 chaînes sur une installation à peine modifié par l'ajout d'un décodeur. Ces dernières semaines, les faillites de l'opérateur britannique de la TNT, ITV Digital, et de l'Espagnol Quiero TV avaient jeté un froid. Conduite pour le compte de la Commission européenne, une étude du Bureau d'informations et de prévisions économiques (BIPE) assure cependant que "la France reste, dans tous les cas, à l'abri d'une catastrophe industrielle, spectaculaire et coûteuse". Les auteurs soulignent que le législateur français a eu "la sagesse" de laisser aux futures chaînes de la TNT le libre choix du modèle de distribution et du ou des acteurs qui assureront cette fonction de gestion des abonnements et de distribution des décodeurs. Autre "chance" pour la TNT "à la française", selon eux, elle arrive sur le marché alors que les décodeurs "vendus en grande distribution à moins de 150 EUR, s'apprêtent à inonder l'Europe". Soixante-neuf chaînes sont candidates à la TNT en France et nombre d'entre elles sont adossées à des groupes déjà engagés dans la télévision par câble ou satellite, tels TF1, M6 ou Canal+, relève toutefois le BIPE. Celui-ci redoute un effet "cheval de Troie" : distributeurs de la TNT, ces groupes seraient tentés de privilégier le câble et le satellite, sur lesquels ils ont déjà lourdement investi. La balle serait alors dans le camp des autorités de la concurrence et du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), garants de l'ouverture du marché. L'Union européenne de radio-télévision (UER) s'est également fendue d'une étude. Analyste médias, Alexander Shulzycki, tresse des couronnes à la France: "le calendrier de la TNT a été plutôt bon, l'offre de chaînes est la plus riche de toutes les plates-formes de la TNT existantes". Pour lui aussi cependant, "la clé" sera le choix du ou des opérateurs commerciaux. Contrairement à la Grande-Bretagne et l'Espagne, ils devront dit-il, réunir l'audiovisuel public et privé ainsi que les opérateurs de télécommunication et de diffusion. Dernière source de satisfaction pour les tenants de la TNT : celle-ci n'est plus tout à fait une inconnue pour le grand public. Selon le baromètre NPA Conseil/opinionway, réalisé sur un panel de 800 personnes, 55 % des Français en ont déjà entendu parler. Un quart d'entre eux seraient également "certains" de s'équiper. "C'est une évolution significative par rapport à l'an dernier", note Nicolas Saintagne, directeur d'étude. Un bémol toutefois : si une forte majorité de Français se disent intéressés par une offre élargie de chaînes gratuites, l'offre payante de la TNT ne soulève guère plus d'enthousiasme que celles du satellite ou du câble. Pour Nicolas Saintagne, les deux premières phases du marché de la TNT seront la prise de conscience de la nécessité de changer de matériel puis la mise à niveau effective de l'équipement. "Cette double contrainte me fait dire que l'offre payante arrive trop tôt", augure-t-il.
Rédaction
24 mai 2002
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