Les humoristes virés de France Inter par Jean-Luc Hees
Rédaction
Après Stéphane Guillon, dont le congé a été signifié mardi par Jean-Luc Hees, président de Radio France nommé par le chef de l'État, c'était hier au tour de Didier Porte d'être licencié.
Jean-Luc Hees s'est expliqué sur le débarquement des 2 humoristes dans le journal de la mi-journée de France Inter : « Je trouve que ce n'est pas très décent d'insulter la direction d'une entreprise comme Radio France, elle ne le mérite pas ».
Hier, lors de sa dernière chronique, Stéphane Guillon a déclaré à l'antenne : « Voilà, c'est ma dernière chronique, enfin je crois. » « France Inter, une radio de gauche qui licencie comme la pire entreprise de droite. Pourtant, Jean-Luc Hees, notre président, lors de son arrivée ici, avait juré de ne jamais se comporter comme la maison l'avait fait avec lui »
Didier Porte, quant à lui, de conclure : « J'ai reçu une lettre recommandée, sans justification. Je suis viré complétement de France Inter. »
Les réactions sont nombreuses, notamment du côté politique. Martine Aubry a commenté cette nouvelle tout en assurant la solidarité du PS à Stéphane Guillon et Didier Porte: « Si certains (de leurs) propos ont pu choquer, écrit-elle aujourd'hui, c'est la force et l'honneur d'une démocratie de laisser libre la parole des humoristes et leur droit à la moquerie et même à l'outrance. ». L'eurodéputée d'Europe Écologie Eva Joly a dénoncé « les attaques visant les contre-pouvoirs », estimant que « la république irréprochable » évoquée par Nicolas Sarkozy faisait « Pschitt ! ».
Jean-Luc Hees a assuré au journal Le Monde qu'il n'y aurait ni de nouveaux horaires, ni de remplaçants : « Non, je ne m'appelle pas Raymond Domenech ! (...) L'humour ne doit pas être confisqué par de petits tyrans. Je prends cette décision non pas sur une quelconque pression politique mais en m'appuyant sur des valeurs minimales d'éducation et de service public. Je considère que cette tranche d'humour est un échec. Elle a montré une grande misère intellectuelle, dont je ne m'accommode pas. Il n'y aura pas de changement d'horaire ni de remplaçants. »
Philippe Val, directeur de France Inter a fustigé la "déloyauté constante" de Guillon et Porte : « Il faut se dire : mais où ailleurs peut-on supporter une chose pareille, se faire pourrir à l'antenne ? C'était une atteinte à notre honneur et à notre considération en permanence. (...) Depuis que Jean-Luc Hees et moi-même avons été nommés, on ne les a pas emmerdés une seconde : ils se sont mis en boucle seuls dans leur tête, ils se sont mis à aller de plus en plus loin et ils ont fait preuve d'une déloyauté constante. ».
Stéphane Bern, animateur de l'émission "Le Fou du roi" sur France-Inter, a apporté mercredi à l'antenne son soutien à Didier Porte. Le public du studio a chaleureusement applaudi l'humoriste et copieusement sifflé la direction, certains lançant des "Val, démission !". "Nous vivons des moments pénibles", a conclu Stéphane Bern. Dans une interview sur Voici.fr, le présentateur du "Fou du roi" annonce qu'il mettra sa présence à l'antenne dans la balance pour inverser la décision des dirigeants de France-Inter. Il dit aussi avoir eu un échange "très tendu" avec Philippe Val lors de la pause durant l'émission de mercredi. "J'ai donné des garanties à Didier Porte et on me désavoue publiquement, je ne le vis pas bien", explique-t-il, ajoutant qu'il a pris rendez-vous avec Jean-Luc Hees pour plaider la cause de Didier Porte.