Des photographes ont été empêchés de "faire leur travail" mercredi lors du coup d'éclat des militants de Greenpeace à l'Assemblée nationale, une tendance au "durcissement" qui se renforce, ont indiqué des photographes à l'AFP jeudi. "On a clairement été empêché de faire des photos! Dès qu'il y a eu suspension de séance mercredi, les huissiers nous sont tombés dessus. J'ai à peine eu le temps de faire une photo", a témoigné Jean-Christophe Marmara, photographe pour Le Figaro. Lors du débat sur le sommet de Copenhague à l'Assemblée nationale mercredi, une militante Greenpeace est parvenue à se glisser, avec une corde de rappel, jusque dans l'hémicycle, parmi les députés. D'autres militants, assis dans des tribunes d'invités, ont manifesté, brandissant des banderoles, et arborant des tee-shirts "Greenpeace". Seuls Jean-Christophe Marmara et Xavier Mouthon (de l'agence Globepix) sont arrivés à photographier les militants Greenpeace. Des huissiers ont cependant tenté de récupérer la carte à puce de Xavier Mouthon, sans succès. "C'est tout récent, dès qu'il y a un incident dans l'hémicyle, on est empêché de travailler", relève Pierre Verdy, photo-reporter pour l'Agence France-Presse, qui n'a pas pu faire de photos mercredi, après qu'un "officier de presse" l'en eut empêché. "Nous trouvons cette tendance très choquante, parce qu'il n'y aucune honte pour une Assemblée nationale de montrer ce qu'elle fait, d'autant plus que c'est filmé en direct par des chaînes", a-t-il ajouté. Interrogé par l'AFP, le service de communication de l'Assemblée nationale a indiqué que les photographes ne sont pas empêchés de travailler en temps normal mais qu'ils sont priés de quitter l'hémicyce lors des suspensions de séance. Les photographes évoquent un "durcissement" des règles à leur égard à l'Assemblée nationale depuis le malaise de la députée socialiste Aurélie Filippetti, le 24 novembre. Lors de son évacuation de l'hémicycle, des députés avaient crié "dehors, dehors" en direction d'une tribune qui accueille le public, visiblement à l'attention d'un photographe de presse. "Evidemment, ce n'est pas très élégant (de photographier une personne ayant un malaise, ndlr), mais on fait notre travail de photographe, à moins qu'il s'agisse de non assistance à personne en danger", a estimé Xavier Mouthon. Les photographes disent ainsi ne plus avoir le droit de se pencher de leur tribune, de se lever, d'appuyer le téléobjectif sur la rambarde en velours et ne peuvent entrer dans l'hémicycle que cinq minutes avant le début de la séance, au lieu de quinze minutes auparavant. "Ils en ont marre qu'on fasse les photos de députés qui pianotent sur leur ordinateur lors des auditions. Maintenant, ils ne veulent plus qu'on fasse des gros plans de gens", selon Xavier Mouthon. "Dès qu'on fait des gros plans de gens qui lisent le Canard enchaîné ou qui font autre chose dans l'hémicycle, les huissiers viennent nous voir et nous disent d'arrêter de faire des photos", a-t-il ajouté.
Rédaction
3 décembre 2009
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