Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) s'est emparé hier du dossier Canal+, en recevant tour à tour Pierre Lescure, ancien patron du groupe de la chaîne cryptée, et Jean-Marie Messier, pdg de Vivendi Universal (VU), alors que les employés de la chaîne restent mobilisés. Les "sages" des l'autorité de régulation ont d'abord reçu M. Lescure dans la matinée, pour une audition d'environ une heure trente, dont l'ancien patron de Canal+ est sorti visiblement satisfait. "J'ai été particulièrement satisfait de voir l'intérêt affirmé, l'intérêt détaillé, je dirais presque l'intérêt engagé avec lequel Dominique Baudis (président du CSA, ndlr) et ses collègues du CSA se sont intéressés au bon respect de la charte Canal+", a déclaré M. Lecure à la sortie du CSA. Cette charte, qui régit les rapports de la chaîne avec VU, annexée à la convention de Canal+ au moment de la fusion avec Vivendi, garantit notamment le respect de son identité et de son "intégrité". "Un certain nombre de choses devront être réexaminées" dans la convention, a affirmé M. Lescure. "En tout cas c'est ce qui me semble être la conclusion à laquelle devraient parvenir les membres du CSA". L'objectif étant avant tout, selon lui, de "sécuriser les paramètres de fonctionnement de Canal+". Dans l'après-midi, c'était au tour de M. Messier de se rendre au CSA, mais contrairement à M. Lescure, les journalistes n'étaient pas les seuls à l'attendre. Les salariés de la chaîne cryptée l'attendaient de pied ferme et l'ont quelque peu chahuté. Alors que la voiture du patron de VU était bloquée à l'entrée du parking du CSA par une camionnette, les manifestants ont, pendant une dizaine de minutes, secoué le véhicule, tapé sur les vitres, lancé des bouteilles et collé des affiches", aux cris de "Messier t'es foutu", a raconté à l'AFP un témoin. "Visiblement effrayé", M. Messier, accompagné de Xavier Couture, nouveau président du directoire du groupe Canal+, n'a pu entrer au CSA qu'après l'intervention "musclée", selon plusieurs témoins, d'une "vingtaine de CRS". M. Lescure a trouvé "regrettable", dans un communiqué, "que Jean-Marie Messier ait été empêché, cette après-midi, de pénétrer dans les locaux du CSA" mais "J2M" n'en a touché mot dans le communiqué diffusé après son audition. Il y précise qu'il a "apporté au CSA les éclaircissements souhaités sur les événements récents, en rappelant en particulier la situation financière difficile du groupe" et rappelle "avec force que l'ensemble des obligations et engagements de Canal+ étaient bien entendus confirmés". Les accords conclus avec les organisations professionnelles seront d'ailleurs "officiellement annexés à la charte", du moins c'est que M. Messier "souhaite". "C'est un signe fort, un acte symbolique majeur, que je fais avec plaisir et enthousiasme afin de mettre fin aux polémiques". Il ajoute que "l'indépendance éditoriale de la chaîne est et restera préservée" ainsi que "l'intégrité et l'unité de Canal+ tout au long de la chaîne de valeur", en d'autres termes: "Il n'est nullement question de découper Canal+ en 2". Affirmer le contraire est "de la pure désinformation". Certains chez Canal+ craignent en effet que Canal+ soit démembrée avec d'un côté l'édition de programmes et de l'autre les activités de distribution. Le CSA, qui s'est emparé sans tarder du dossier Canal+, n'a pas souhaité faire de commentaire jeudi soir sur les auditions du jour. Il préfère pour cela attendre d'avoir entendu "toutes les parties". Lundi après-midi, il recevra en effet les représentants des salariés de Canal+, puis les organisations professionnelles du cinéma.
Rédaction
19 avril 2002 à 06h00
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