Reporters sans frontières (RSF) s'est insurgée contre le Conseil de l'audiovisuel grec (ERS) qui avait infligé une "forte" amende de 146.735 euros à une chaîne de télévision privée pour avoir mis en cause le chef de l'Etat Costis Stéphanopoulos dans une affaire de jeux de hasard. Dans une lettre adressée au ministre grec de la Presse et de l'Audiovisuel, Christos Protopapas, RSF s'est déclarée "étonnée de la condamnation, le 4 avril, de la chaîne Extra à une forte amende pour offense à M. Stéphanopoulos", indique l'ONG dans un communiqué transmis à l'AFP à Athènes. Robert Ménard, secrétaire général des RSF, a critiqué sévèrement le rôle de l'ERS en tant que "juge de la diffamation, fonction qui devait revenir aux seuls tribunaux". "Son rôle doit être limité à la régulation des médias audiovisuels", comme "c'est le cas dans les autres Etats de l'Union européenne", a déclaré M. Menard dans sa lettre au ministre en lui demandant "de ne pas parapher la décision de l'ERS", un acte nécessaire par la loi grecque pour que la décision soit applicable. L'émission d'Extra a été diffusée le 31 janvier et avait provoqué un tollé dans le pays pour avoir mis en cause M. Stéphanopoulos, très populaire et réputé de grande probité, dans une affaire de jeux de hasard illégaux. L'ERS avait condamné la chaîne "pour tournage en caméra cachée, information trompeuse, provocation de panique chez les téléspectateurs ainsi que pour violation du principe de respect de la Constitution et de l'ordre public", a rapporté jeudi l'Agence de presse d'Athènes (semi-officielle, ANA). M. Ménard a estimé que le montant de l'amende pour cette émission est "prohibitif et de nature à contraindre l'ensemble des médias audiovisuels à l'autocensure sur les affaires sensibles". RSF rappelle par ailleurs que la presse grecque est "régulièrement condamnée à payer de lourdes amendes et des dommages et intérêts élevés au titre d'une législation draconienne sur la diffamation et les délits de presse".
Rédaction
6 avril 2002
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