Les téléspectateurs israéliens pourront bientôt regarder sur une chaîne satellitaire des informations, des débats et même des feuilletons de la télévision nationale égyptienne, en hébreu, une grande première au Proche-Orient. "C'est la première fois qu'un pays arabe lance un programme spécifiquement en hébreu", a expliqué à l'AFP le président de la chaîne nationale satellitaire Nile TV, Youssef Chérif Rizkallah. "Nous diffuserons nos émissions en hébreu environ deux heures par jour, dans une tranche disponible sur le satellite, probablement en milieu d'après-midi", a précisé M. Rizkallah. "Il y aura des bulletins d'information, des commentaires et analyses politiques, des émissions culturelles et touristiques en hébreu, et un feuilleton, sous-titré en hébreu", a-t-il ajouté. L'objectif est de "rectifier l'image des Arabes dans l'opinion israélienne, et de répondre à certaines déclarations, à ce qu'Israël peut dire en particulier sur le conflit israélo-palestinien", selon le président de la chaîne d'Etat. "Mais le feuilleton n'aura pas qu'un intérêt pédagogique. Nous choisirons des divertissements, des sujets qui puissent captiver les téléspectateurs", a-t-il ajouté. Les émissions doivent en principe démarrer en janvier, "mais la décision dépend du ministre de l'Information, Safouat Al-Chérif", a-t-il précisé. Une équipe est actuellement recrutée, en particulier parmi les journalistes qui travaillent sur les émissions en hébreu diffusées depuis de nombreuses années à la radio nationale égyptienne. "Nous allons puiser dans leurs effectifs", a expliqué M. Rizkallah, ajoutant que le programme sera dirigé par Hassan Ali Hassan, "qui connaît parfaitement l'hébreu". L'hébreu est enseigné dans les universités égyptiennes, et en théorie, rien ne s'oppose aux contacts entre l'Egypte et son voisin israélien, qui ont signé un traité de paix en 1979. En théorie seulement, car la réalité est autre. Les Egyptiens qui se rendent en Israël sont l'objet de tracasseries policières, parfois interdits d'exercer par des syndicats professionnels de leur pays qui bannissent les contacts avec l'Etat hébreu. Avant le début de l'Intifada, en septembre 2000, plus de 300.000 Israéliens se rendaient chaque année sur les plages du Sinaï. Ces stations balnéaires sont maintenant désertées, dans un climat de paix froide, entretenu par les attaques régulières de la presse égyptienne contre Israël ou les juifs. "Il est temps d'éclairer les Israéliens sur nos points de vue. Il faut agir pour que nos opinions ne leur parviennent pas uniquement à travers les médias israéliens, qui sont loin d'être impartiaux", déclarait la semaine dernière à propos du projet de Nile TV Hala Hachich, responsable des chaînes satellitaires nationales. "Une des raisons de la persistance du conflit israélo-arabe est que les deux parties restent éloignées l'une de l'autre, en raison des stéréotypes présentés par les médias israéliens", ajoutait-elle au journal Al Ahram Hebdo. L'initiative égyptienne a été prise à la suite de la décision, en juin, des ministres arabes de l'Information, de "défendre sur le terrain médiatique le point de vue des Arabes, en particulier concernant le conflit israélo-palestinien", a rappelé M. Rizkallah. L'ambassade d'Israël au Caire n'a pas été consultée sur ce projet, qu'elle accueille avec scepticisme. "Utiliser la télévision comme pont culturel est une bonne chose, mais si Israël y est traité de la manière incendiaire dont il est traité par la presse écrite, l'objectif ne sera pas atteint", a déclaré à l'AFP la porte-parole de l'ambassade, Ayellet Yehiav.
Rédaction
21 décembre 2001
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