Pendant sept ans, de 2001 à 2007, Corradino Durruti a suivi pas à pas une enquête de la police sur un clan mafieux de l'extrême sud de l'Italie, réalisant ainsi pour Arte, ce soir à 21h00, un documentaire inédit dans l'univers de la mafia calabraise, "'Ndrangheta, une mafia d'affaires et de sang". Le réalisateur a filmé l'inspecteur Nico Morrone, son travail, sa patience et son obstination à coincer un des leaders de la 'Ndrangheta, le mafieux Téodoro Crea. Corradino Durruti explique qu'il a essayé de "saisir à quoi ressemble concrètement le quotidien d'un policier qui travaille dans "l'ambiente" de la mafia, (...) d'entrevoir ce qu'est un mafieux: Quelle tête a-t-il? Que fait-il? Comment s'habille-t-il? Dans quel décor vit-il?". Embarqué avec sa caméra cachée dans l'équipe de la police judiciaire, il s'infiltre en effet jusque dans la maison de Crea, en pleine nuit. On suit la totalité de l'enquête: l'explosion d'une bombe, les écoutes téléphoniques, les investigations bancaires et cadastrales, les arrestations... L'enquête avait débuté avec des lettres anonymes envoyées au bureau du procureur anti-mafia de Reggio Calabre en 2000. L'une d'elles dénonçait "une situation vraiment oppressante" à cause de Téodoro Crea. "Ce mafieux contrôle toute l'activité économique et politique. Il extorque les gens.(...) Il utilise la force et la peur pour parvenir à ses fins", selon l'auteur de la lettre. Une réalité bien éloignée du sens du mot 'Ndrangheta, qui dérive du grec "adrangantia" et signifie "courage, force, vertu, valeurs". En décembre 2007, Téodoro Crea est finalement condamné à 10 ans de réclusion pour activité mafieuse. Deux de ses fils sont condamnés à 9 et 8 ans, un troisième réussit à s'enfuir. Mais selon le Substitut du procureur de la section anti-mafia du parquet de Reggio Calabre, Roberto di Palma, "la 'Ndrangheta est un mal enraciné dans la culture calabraise et un procès à lui seul ne peut suffire à l'éradiquer". "Cependant il est très important d'engager ces procès et de transmettre un message à la population calabraise. Ces gens doivent savoir que l'Etat italien existe, qu'il est là pour les défendre", ajoute-t-il. De son côté, Corradino Durruti vit aujourd'hui dans la prudence. Il lui a été déconseillé de participer à la présentation du film, pour sa sécurité.
Rédaction
27 mai 2008
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