Deux syndicats de France Télécom, FO-Com et la CFE-CGC, ont écrit à Nicolas Sarkozy pour lui faire part de leurs inquiétudes sur le projet européen de "séparation fonctionnelle", qui obligerait les opérateurs historiques de téléphonie à se scinder en deux entités. La "séparation fonctionnelle" obligerait des opérateurs comme Deutsche Telekom ou France Télécom à se scinder en deux entités: l'une pour le réseau (infrastructures), l'autre pour les services, afin d'assurer un accès égalitaire au réseau pour tous les opérateurs. Cette séparation fait partie du "paquet télécoms" présenté par la commissaire européenne aux Télécoms Viviane Reding en novembre 2007, qui doit donner lieu à une directive européenne qui sera ensuite transposée dans chaque pays, dans un délai d'environ trois ans. Pour la CFE-CGC de France Télécom, cela entraînera "une nouvelle saignée de l'effectif, la perte des cultures de métiers, un traumatisme supplémentaire alors que France Télécom-Orange connaît (...) une profonde réorganisation et traverse une phase de privatisation délicate". "Provoquer la scission d'une entreprise récemment privatisée semble aller à l'encontre des principes mêmes de l'économie de marché", souligne le syndicat, qui estime au contraire que "la croissance du marché des télécoms (passe) par la constitution de grands opérateurs intégrés". En cas de séparation fonctionnelle, la CFE-CGC prévoit "une réduction de la croissance française de 0,05 à,1% par an sur une période de 5 ans". "C'est plus de 50.000 emplois qui ne seront pas créés faute d'investissement", ajoute le syndicat, et "l'incertitude provoquera un affaiblissement durable de la valeur boursière de France Télécom". De son côté, FO-Com estime que "ce découpage brutal des équipes et des entités de l'opérateur national (...) irait à l'encontre des évolutions technologiques". "Les deux entreprises issues de l'éclatement de France Télécom adopteraient à n'en pas douter, une vision étroitement financière, au détriment de l'innovation et de l'investissement", prédit FO, qui s'inquiète aussi des 80.000 fonctionnaires travaillant aujourd'hui à France Télécom: "Leur avenir devra-t-il prendre la forme d'un plan social?", se demande le syndicat. Interrogée jeudi lors d'une rencontre à Paris avec l'Association des journalistes économiques et financiers, Viviane Reding a rappelé que "les régulateurs nationaux devraient avoir la séparation fonctionnelle comme outil de régulation et je vais le leur donner", sans obligation pour eux d'utiliser cet outil. Selon elle, la séparation a des effets bénéfiques dans les pays l'ayant appliquée, comme la Grande-Bretagne où "le nombre de lignes dégroupées est passé de 12.000 à 4 millions en un an".
Rédaction
4 avril 2008
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