Fruit d'une enquête de trois ans, "Le monde selon Monsanto", diffusé ce soir sur ARTE à 21h00, retrace l'histoire du plus gros semencier OGM de la planète, dont le soja, le maïs et le coton transgéniques gagnent rapidement du terrain au grand dam des protecteurs de l'environnement. Auteur d'un ouvrage homonyme à paraître le 6 mars aux éditions La Découverte, la journaliste free-lance Marie-Monique Robin s'est penchée sur le passé de la firme de Saint-Louis, Missouri, productrice tour à tour de PCB (polychlorobiphényles, vendus sous le nom de pyralène en France), du désherbant agent orange utilisé de façon dévastatrice durant la guerre du Vietnam et d'hormones de croissance laitière et bovine interdites en Europe. Aujourd'hui, le vrai danger vient, selon le documentaire, de la croissance exponentielle des cultures OGM, qui ont couvert quelque 100 millions d'hectares en 2007, dont 90% correspondent à des caractéristiques génétiques brevetées par Monsanto. Point de départ de l'enquête: des milliers de documents officiels, de publications scientifiques et d'articles glanés sur Google. Pour vérifier et compléter ces informations, Marie-Monique Robin, prix Albert Londres 1995, tourne aux quatre coins des Etats-Unis, chez les cultivateurs surendettés de coton Bt du Maharashtra, en Inde, au Paraguay ou encore au Mexique, où les 15 variétés natives de maïs sont menacées par les espèces mutantes venues de l'autre côté du Rio Grande. James Maryanski, ancien coordinateur pour les biotechnologies de la Food and Drug Administration (FDA) américaine avoue que l'autorisation de mise sur le marché des OGM en 1992 est le fruit d'une "décision politique", au moment où des voix discordantes s'élevaient pourtant au sein de l'agence. En fabriquant des OGM, Monsanto a assuré un nouveau débouché à ses OGM pesticides, dont 70% sont "Roundup ready", c'est à dire qu'ils résistent au désherbant qui élimine toutes les mauvaises herbes, mais contamine aussi des cultures vivrières adjacentes. "C'est un complément d'éclairage. Ce n'est pas un film ou un livre contre les OGM, mais c'est une pièce au dossier qui est très importante", a déclaré lors d'une projection du film pour la presse Nicolas Hulot, qui a préfacé le livre. "La perspective de mise en coupe réglée des ressources alimentaires de la planète, c'est pour moi le pire spectre de la mondialisation", a ajouté l'animateur vedette. "Des gens qui à leur corps défendant sont traînés au tribunal par Monsanto et condamnés (pour avoir utilisé les semences sans payer de royalties), c'est ce qui va nous attendre", a encore dit M. Hulot. Et de craindre que l'interdiction provisoire du maïs transgénique MON810 en France ne soit qu'une "stratégie pour pouvoir mieux ouvrir le champ, après, aux cultures OGM".
Rédaction
11 mars 2008
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