Après les truands corses, les reporters ou les agents secrets, Canal+ plonge à nouveau, ce soir à 20h50,le téléspectateur au coeur d'un univers dont les protagonistes vivent en marge, dans l'excès et la frénésie: sa nouvelle série, "Scalp", dépeint la vie des golden-boys lors des "années fric", il y a 15 ans. Alex (Laure Marsac), brillante biologiste, voit sa vie basculer après le suicide de son mari, un golden-boy qui se jette du toit du Palais Brongniart. Criblée de dettes, elle décide de se lancer dans l'arène boursière pour rembourser ses créanciers et découvrir les causes de la mort de son compagnon. Comme souvent dans ses séries, la chaîne cryptée a apporté un soin minutieux à la reconstitution de l'univers décrit, d'autant que le monde de la bourse n'a selon elle jamais encore été dépeint dans une série télévisée. Bruno Petit, coproducteur et coscénariste, a travaillé pendant douze ans à la criée du Palais Brongniart. Pour "Scalp", il s'est inspiré de sa vie passée et a fait appel à d'anciens collègues pour transmettre avec le plus de vérité possible l'ambiance frénétique et la gestuelle particulière des intervenants de la corbeille (le pit). Lignes de cocaïne, parties de poker dans des appartements luxueux, virées à l'île de Saint-Martin, centaines de milliers de francs gagnées ou perdues en quelques secondes constituent le quotidien des jeunes loups financiers de ces années là. Et l'anedocte du pari entre deux traders, qui a vu le perdant amener de nuit devant la Bourse deux chameaux remis au vainqueur, est véridique, assure Bruno Petit. Avec Alex, formée à son nouveau métier par les anciens camarades de son mari, le téléspectateur apprend peu à peu à déchiffrer les codes de cet univers à part. "C'était hier mais plus rien n'est pareil", souligne Xavier Durringer, l'un des deux réalisateurs. La criée a fermé en 1998 et les transactions financières se déroulent à présent derrière des ordinateurs, dans des bureaux feutrés. Mais cette époque charnière, avec ses délits d'initié, le règne de l'argent fou et ses bouleversements géopolitiques, permet de comprendre le monde d'aujourd'hui, ajoute-t-il. "Scalp", qui désigne un type d'action illégale sur la corbeille, suit la valse folle d'Alex et de ses collègues, et immerge le téléspectateur dans la chaudière aujourd'hui disparue du palais Brongniart. Elle a pour toile de fond des événements historiques précis, tels que l'invasion du Koweit par l'Irak et la première guerre du Golfe. Avec "Scalp", diffusée quelques semaines après la remarquable "Commune", Canal+ donne à nouveau la preuve de son ambition et de son originalité en matière de fiction télévisée française. La série souffre toutefois d'un deuxième épisode un peu lent, avant la plongée d'Alex dans le chaudron financier.