La mort presque simultanée de deux personnes que tout sépare, à Londres, va déboucher sur un gigantesque scandale politico-financier: l'éblouissante série "Jeux de pouvoirs" ("State of play") offre un concentré du meilleur de la fiction télévisée britannique. Diffusée au printemps 2003 sur la BBC et unanimement saluée par la critique, cette mini-série de six épisodes passe pour la première fois en France sur une chaîne en clair, Arte (elle avait déjà été diffusée sur Canal+ et Canal Jimmy), les 5, 12 et 19 janvier à 22H30. Une jeune attachée parlementaire tombe sous la rame d'un métro. Quelques instants plus tard, un petit délinquant est abattu par un tueur professionnel. Tout sépare ces deux personnes mais l'on va découvrir qu'elles se sont téléphonées une heure avant leur mort. Un grand quotidien national s'empare de l'affaire et va peu à peu dévoiler la vérité. Haletante de bout en bout (jusqu'à une fin qui laisse le téléspectateur sonné), la série "Jeux de pouvoirs" s'apparente presque à un cas d'école sur les forces de la fiction britannique télévisée: une écriture rigoureuse (signée Paul Abbott, scénariste réputé), des dialogues où chaque mot sonne juste, une distribution étincelante, des scènes qui s'enchaînent sans le moindre temps mort et avec le plus grand naturel. Paul Abbott a donné de l'épaisseur au moindre petit rôle. Les personnages principaux sont incarnés par des acteurs au physique "ordinaire" (loin des canons des séries américaines) mais dont le charisme apparaît vite à l'écran. David Morrissey est le député travailliste, patron et également amant de l'attachée parlementaire décédée, John Simm et Kelly MacDonald sont les journalistes qui enquêtent.... Bill Nighy incarne avec superbe le rédacteur en chef du quotidien, doté d'un humour froid parfaitement adapté à cette série bâtie autour d'un complot. Autre force de la fiction britannique: sa capacité à dépeindre la société. Ainsi, "Jeux de pouvoirs" raconte avec acuité le monde politique des années Blair, avec les réunions au Parlement, la montée des jeunes députés travaillistes, les spin-doctors (conseillers en communication) et l'obsession du pouvoir à l'égard des médias. Elle donne aussi à voir un Londres froid, inquiétant, depuis les quartiers chics jusqu'aux barres HLM.
Rédaction
5 janvier 2008
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