Les autorités srilankaises ont arrêté deux journalistes de la chaîne de télévision France 24 accusés d'avoir tourné des images devant un centre de détention militaire ainsi que onze Tamouls, a annoncé mardi la police. Les deux journalistes de France 24 ont été arrêtés au cours de la nuit de lundi à mardi à Ratgama, à 105 km au sud de Colombo. Ils avaient été placés en détention par les militaires dès lundi soir, a indiqué un responsable de la police locale. Les deux journalistes ont été présentés mardi à un juge qui a ordonné leur remise à la police antiterroriste (TID) pour enquête. Selon le mouvement pour les médias libres (FMM), une organisation srilankaise indépendante, les deux journalistes, une femme et un cameraman, filmaient une famille tamoule qui rendait visite à des proches incarcérés dans le centre de détention à la veille de Noël. Selon la version de la police, les deux journalistes et les onze Tamouls ainsi que leur chauffeur ont été arrêtés après que la cameraman eut été accusé d'avoir filmé un point de contrôle militaire devant le centre de détention de Boosa. Les militaires ont rouvert récemment le centre de détention de Boosa à la suite de nombreuses arrestations de Tamouls dans le cadre du conflit armé entre l'armée gouvernementale et les insurgés des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE). La chaîne de télévision France 24 n'a fait dans l'immédiat aucun commentaire sur cette affaire. Le FMM a exigé la libération immédiate des journalistes, accusant les autorités de commettre des abus à d'entraver le droit à l'information. "Les autorités ignorent que les médias ont le droit de rendre compte d'une manière créative de sujets touchant aux arrestations et aux détentions", selon FMM. "Le FMM ne considère pas la prise d'images d'un point de contrôle routier comme une affaire relevant de la sécurité nationale et exprime sa grave préoccupation concernant l'arrestation d'une équipe de télévision et de toute une famille pour un incident mineur", a ajouté l'organisation. Conformément aux lois d'exception en vigueur dans le pays, les suspects peuvent être maintenus en détention pendant 48 heures sans inculpation, a indiqué l'organisation Le centre de détention de Boosa était considéré comme un lieu où l'on pratiquait la torture lorsque des rebelles marxistes y étaient détenus à la fin des années 1980. Le Sri Lanka est considéré par les organisations de défense des droits de la la presse comme d'un des pays les plus dangereux du monde pour les journalistes. Depuis août 2005, onze journalistes ont été tués au Sri Lanka, dont dix dans des zones contrôlées par le gouvernement, selon la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Des affrontements opposent l'armée du Sri Lanka aux rebelles tamouls dans le nord du pays, un conflit au cours duquel ont alterné phases de combats et périodes d'accalmie, et qui a fait des dizaines de milliers de morts depuis 1972.
Rédaction
25 décembre 2007
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