De l'affaire Dreyfus à la fin du XIXe siècle au malaise du début des années 2000, le réalisateur Yves Jeuland balaie un siècle de relations entre la France et ses citoyens juifs, dans un documentaire captivant qui conjugue avec bonheur rigueur historique, réflexion et... humour. "Comme un juif en France, dans la joie et la douleur", film en deux parties, diffusé ce soir à 22H50 et le 7 à 20H30 sur France 3, est bâti autour d'entretiens avec des personnalités (Robert Badinter, Theo Klein...) et des personnes moins connues, commme Rachel Cohen, directrice d'une école en banlieue parisienne. Les témoignages sont accompagnés d'images d'archives et de quelques extraits de films de cinéma, qui s'enchaînent sans peine grâce à un montage remarquable. Le commentaire, succinct, est dit par Mathieu Amalric. Sans jamais tomber dans un inventaire chronologique, Yves Jeuland s'attarde sur des événements marquants qui dessinent tout en nuance le portrait d'une communauté: l'affaire Dreyfus, l'arrivée des immigrés du Yiddishland dans les années 20, les années après la Shoah, l'immigration des juifs pied-noirs, la guerre des Six jours, jusqu'aux incendies de synagogues au début des années 2000. Yves Jeuland, auteur de "Paris à tout prix", "Camarades", "Bleu blanc rose"..., dit avoir eu envie de raconter cette histoire après avoir lu le livre de l'historien Michel Winock, "La France et les juifs". Son film n'est pas une adaptation de cet ouvrage, même si Michel Winock a accepté d'endosser le rôle de conseiller historique pour le documentaire. Les treize témoins choisis par Yves Jeuland ont comme point commun leur intérêt pour le judaïsme. Ils connaissent cette histoire et parviennent à mêler leurs souvenirs personnels - retour de déportation pour Marceline Ivens, arrivée en Métropole pour Raphaël Draï - à une réflexion sur l'histoire collective. Leurs paroles, réfléchies et émouvantes, parfois teintées d'humour, se répondent et se complètent. Elles dessinent un portrait nuancé et varié d'une population multiforme.