Arte diffuse sur quatre soirées consécutives (24, 25, 26 et 27 octobre à 20h40) la vie de Karol Wojtyla, le Pape Jean-Paul II, de sa jeunesse à Cracovie à sa mort au Vatican, un film ambitieux et soigné qui se regarde comme on lit un roman. Cette production italo-polonaise tournée en 2005/2006, inédite à la télévision en France, a été présentée dans plusieurs pays et notamment en Pologne où, elle a fait plus d'entrées en salles que "Pirates des Caraïbes". Pour la première fois, le réalisateur Giacomo Battiato a été autorisé par le Vatican à tourner la scène de l'attentat contre le Pape sur les lieux mêmes des faits, Place Saint-Pierre. L'acteur polonais Piotr Adamczyk incarne Karol Wojtyla de 18 ans à 80 ans et restitue avec talent et émotion l'image de force et de mysticisme du Saint-Père. "J'ai fait un film que je ne voulais pas faire, car une biographie n'aboutit pas forcément à un bon film, il faut trouver une ligne de narration", se souvient Giacomo Battiato. Le réalisateur "laïc même s'il a fait ses études chez les Jésuites" s'est pourtant pris au jeu. Il a lu les poésies, les pièces écrites par Karol Wojtyla dans sa jeunesse, ses discours, s'est penché sur l'histoire de la Pologne, a rencontré des personnes qui le connaissaient. Au total ce sont quatre films de 90 minutes divisés en deux périodes que les téléspectateurs pourront voir: "Karol, un homme devenu pape" sur fond de nazisme à Cracovie puis de communisme, et "Karol, le combat d'un pape" sur le pontificat. Le projet originel ne prévoyait que la première partie. Pour Giacomo Battiato, "c'était angoissant de s'engager à tourner la deuxième partie, Jean-Paul II étant un personnage tellement médiatisé". Il a alors choisi de raconter "l'histoire du pape de ceux qui souffrent" en partant d'une phrase prononcée en Inde parmi les lépreux: "Si seulement je pouvais être le Pape d'ici, et non pas du Vatican". "Le pontificat est l'histoire d'une gigantesque faillite. Karol Wojtyla a vécu l'échec de tous ses rêves: après la chute du communisme il a vu les dégâts du capitalisme. Et, lui qui rêvait de la religion comme instrument de paix, a vu la religion cause de guerre", dit le réalisateur. Le film "Karol, un homme devenu pape" a été présenté à Benoît XVI un mois après son élection en mai 2005.