En lançant sa chaîne Fox Business, trois mois après avoir acheté le prestigieux Wall Street Journal, le magnat de la presse Rupert Murdoch débarque en force dans le secteur de l'information financière. Loin des tabloïds populaires qui ont fait sa fortune, Fox Business et le WSJ doivent offrir à Rupert Murdoch un nouveau public plus riche et plus influent, même si ce magnat des médias affiche sa volonté de faire de Fox Business une chaîne populaire. News Corp., probablement le plus grand empire de médias du monde, n'avait jamais jusqu'ici attaqué ce créneau. Il possède aux Etats-Unis le groupe de télévision et de cinéma Fox, ainsi que le groupe télé BSkyB en Grande-Bretagne. Il a aussi plus de 100 journaux en Australie, ainsi qu'en Grande-Bretagne le Sun et le Times, et aux Etats-Unis le New York Post. Il ne pouvait manquer de s'intéresser à un secteur des nouvelles financières dopé par la montée des marchés boursiers et la multiplication des fusions-acquisitions. Un créneau qui attire toute les convoitises depuis quelques mois, avec une série de concentrations dans les médias financiers. La plus spectaculaire opération est le rachat de l'agence britannique Reuters par sa rivale canadienne Thomson pour 13 milliards d'euros en mai, créant le numéro un mondial devant l'américain Bloomberg. Ce méga rachat fait d'ailleurs l'objet d'une enquête approfondie de la Commission européenne. Murdoch a déjà parié sur une stratégie de concentration: c'est notamment pour épauler Fox Business que Murdoch a déboursé plus de 5 milliards de dollars pour racheter le groupe Dow Jones, propriétaire du Wall Street Journal et de l'agence d'informations financières Dow Jones, en tout plus de 700 journalistes spécialisés. Mais sauf à payer très cher une rupture de contrat, il lui faudra attendre 2012 avant toute coopération: jusque-là, le Wall Street Journal et Dow Jones ont un accord exclusif de fourniture d'informations à la chaîne rivale CNBC. L'ambitieux Murdoch ne compte pas s'arrêter à la télévision et à l'agence: il a déclaré vouloir développer l'information financière sur l'internet, lui qui a le premier flairé l'importance de l'internet interactif en achetant le site de socialisation MySpace. Là encore, il parie sur un développement grand public: il a récemment annoncé qu'il voulait rendre gratuit le site très regardé du Wall Street Journal, une petite révolution pour ce site qui était l'un des rares sites de journaux à rester payants. Avant lui, CNN (groupe Time Warner) avait lancé une chaîne financière baptisée CNNfn, fermée en 2004 après avoir échoué à s'imposer face à CNBC.
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