Arte
 

Rédaction
3 octobre 2007

Des centaines de milliers de Cubains ont combattu aux côtés des Africains dans les guerres d'indépendance. "Cuba, une odyssée africaine" retrace l'histoire de l'engagement de Fidel Castro et de Che Guevara sur le continent noir, champ de bataille de la guerre froide. Dans ce documentaire en deux parties, diffusé ce soir sur ARTE à 20h45, la réalisatrice Jihan El Tahri porte un regard nouveau sur trente ans d'engagement cubain en Afrique et tente une explication rigoureuse des échecs et réussites de cette épopée, à travers de nombreux témoignages et des images d'archives inédites. Le documentaire nous emmène au Congo, en Guinée Bissau et en Angola, trois des 17 pays où Cuba est intervenu afin d'exporter sa toute jeune révolution et d'affaiblir par procuration les forces américaines, dans la perspective de créer la fameuse "troisième voie". Tout démarre avec le coup d'Etat qui a renversé avec l'appui des Américains le Premier ministre Patrice Lumumba, et son assassinat en 1961. Les révolutionnaires lumumbistes se réfugient à Brazzaville, sous la houlette de Laurent-Désiré Kabila. Che Guevara, au nom de la "solidarité des faibles" vient offrir l'aide des Cubains, dont beaucoup revendiquent des origines congolaises. Pour les indépendantistes africains, le "Commandante" est une icône, les révolutionnaires cubains, un modèle. Des guérilleros cubains, noirs, sont expédiés clandestinement au Congo, le pays aux neuf frontières où les Etats-Unis ont embauché des mercenaires pour mater la rébellion. Mais l'opération échoue. Les ex-combattants Cubains qui témoignent l'expliquent par le "gouffre culturel" qui les séparait des Africains, racontant leur "impréparation", leur "amateurisme"... La version des Congolais est toute autre : si la présence des Cubains était bien souhaitée, celle du "Che" les embarrassait, car si les Américains le découvraient, une pluie de bombes se serait abattue sur le pays. Pour le producteur, Jihan El Tahri a réussi un "tour de force" sur un sujet on ne peut plus délicat, en portant un "autre regard" sur Cuba et l'Afrique. "On montre que l'Afrique était un continent adulte et que les Africains savaient ce qu'ils voulaient", conclut-il.

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