La rencontre fin 1999 entre Jean-Marie Messier, la star du CAC 40, et Edgar Bronfman Jr, le riche héritier canadien, donna naissance à un géant aux pieds d'argile, Vivendi Universal: un documentaire canadien ,diffusé ce soir sur 22h15, raconte comme un thriller le destin de deux hommes aveuglés par leurs rêves. Les auteurs de "Vivendi Universal, pour 6 milliards de moins", les Canadiens Don Young et Alan Handel portent un regard différent sur cette saga en accordant une large place au volet canadien. En France, la création de Vivendi Universal est associée à Jean-Marie Messier --le jeune patron ambitieux qui transforme la Générale des Eaux en Vivendi. Mais au Canada, Vivendi signifie le désastre qui mettra fin à l'une des plus célèbres dynasties industrielles du pays, celle des Bronfman. "Au Canada, l'héritier Bronfman veut abandonner les spiritueux --activité traditionnelle de son groupe Seagram-- pour la communication. En France, Messier a la même ambition: laisser tomber la distribution de l'eau pour la communication", explique à l'AFP Alan Handel. D'origines sociales très différentes (Messier naît dans une famille modeste, à Grenoble, Bronfman appartient à l'une des familles les plus riches du Canada), les deux hommes vont "se reconnaître" lors d'une rencontre à Paris en octobre 1999. Ils décident de créer un groupe mondial de communication. Messier a l'énergie, le charme et la vision stratégique. Edgar Jr a l'argent. "Chacun des deux avait ses rêves, ils se sont rencontrés lors de ce fameux petit-déjeuner, et le reste appartient à l'histoire", déclare Alan Handel. Le film, didactique et passionnant, raconte la vie et la mort de Vivendi Universal, à la manière d'un thriller mais sans jamais verser dans le simplisme. De nombreux acteurs de l'époque sont interviewés, dont le patron de Canal+ Pierre Lescure, la ministre de la Culture Catherine Tasca, le successeur de Messier Jean-René Fourtou, des journalistes français (Martine Orange) et nord-américains. Les deux "héros" du film n'ont pas souhaité être interviewés. Les commentaires des participants éclairent les moments clé de ce désastre économique, où l'aveuglement général le dispute à la folie des grandeurs d'un patron fasciné par l'Amérique et l'absence de sens commun d'un héritier vite dépassé. C'est lui qui va décider de placer entre les mains de Messier toute la fortune des Bronfman, née du génie des affaires du grand-père Samuel, un immigré russe qui s'est enrichi dans les années 20 grâce au trafic d'alcool avec les Etats-Unis. "C'est un conte moral qui continue de résonner au Canada, une histoire qui a valeur d'exemple", souligne Alan Handel. En quelques mois, le Canada a vu la disparition de l'une de ses plus belles entreprises, Seagram, et la fin d'une dynastie mythique, ajoute-t-il. "La dynastie Bronfman n'existe plus car il n'y a plus rien à transmettre", constate dans le film Peter Newman, auteur d'un livre de référence sur cette famille.
Rédaction
2 juillet 2007
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