Le 12 septembre 2005, Israël se retire de la bande de Gaza. Deux jeunes journalistes français décident de suivre pendant un an les bouleversements provoqués par cet événement majeur de l'histoire du conflit israélo-palestinien à Rafah, une ville située au sud du territoire. Ce soir , sur France 3 à 21h40, "Rafah, chroniques d'une ville dans la bande de Gaza", un documentaire de 52 minutes couvert de prix au Festival international de programmes audiovisuels (Fipa) 2007, plonge le téléspectateur au coeur d'une ville palestinienne, de septembre 2005 à septembre 2006. Les deux réalisateurs, Alexis Monchovet et Stéphane Marchetti, ont voulu se concentrer sur la bande de Gaza et Rafah en particulier, et n'évoquer qu'en creux le conflit israélo-palestinien, objet de plusieurs documentaires. Ils ont choisi Rafah (150.000 habitants) car elle était "la ville la plus affectée par l'occupation israélienne", indique à l'AFP Alexis Monchovet. Rafah était coupée en deux par la route de Philadelphie, un corridor de sécurité qui servait de frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza. "On se disait que ce serait la ville la plus bouleversée" par le retrait des troupes israéliennes, ajoute-t-il. Agés d'à peine trente ans, les deux réalisateurs se gardent de livrer un cours de géopolitique. Une voix off donne les quelques informations indispensables pour resituer les trois événements principaux qui jalonnent l'année : le désengagement (et l'espoir qu'il suscite), la victoire du mouvement islamiste palestinien Hamas aux élections législatives de janvier, et l'enlèvement du soldat israélien en juin qui suscite les représailles d'Israël. Mais le film donne surtout la parole aux habitants de Rafah, dont trois personnages qui serviront de fil rouge : une mère de dix enfants, un jeune Palestinien membre de l'une des familles les plus puissantes de Rafah et un vieil agriculteur, qui récupère ses terres après le désengagement. "Nous voulions que la mise en perspective des difficultés dans les territoires palestiniens vienne des personnes interrogées dans le film", explique à l'AFP Alexis Monchovet. Commentant la profusion des armes et le chaos qui s'étend, un écolier constate ainsi qu'"avant, la mort venait de l'occupation. Maintenant, elle vient de nous-même". Pour réaliser ce documentaire, Alexis Monchovet et Stéphane Marchetti se sont partagé les tâches : le premier effectuait des séjours de plusieurs mois à Rafah, seul avec sa caméra, et envoyait les images au second qui se chargeait du montage. Pourvus d'un petit budget, les deux réalisateurs ne se sont octroyés qu'un seul luxe : celui de passer des mois sur place. Ce fonctionnement (équipe réduite, temps de tournage long) aboutit à un film qui donne à sentir au plus près la liesse et l'espoir, puis la désillusion, la montée de la violence, la crise économique et le chaos, mais sans jamais verser dans le désespoir.
Rédaction
3 juin 2007
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