Rédaction
18 mai 2007

Le gouvernement italien de Romano Prodi a présenté un projet de loi pour donner plus d'indépendance à la Rai, la radio-TV publique, dont la direction est régulièrement l'objet d'un bras de fer entre la gauche et la droite. Le projet intervient dans un climat de fortes tensions au sein du conseil d'administration de la Rai, en raison de divergences répétées entre les cinq membres proches de la droite et les quatre conseillers classés à gauche. "Nos objectifs sont de donner à la Rai davantage d'autonomie par rapport au gouvernement et aux partis politiques", a expliqué le ministre de la Communication, Paolo Gentiloni. "Nous voulons créer les conditions pour que la Rai décide de son avenir et de ses choix industriels", a-t-il ajouté. Selon la loi en vigueur, qui remonte à l'ancien gouvernement de Silvio Berlusconi (2001-2006), les neuf membres du conseil d'administration sont nommés par une commission de parlementaires chargée de contrôler la Rai et par le ministère de l'Economie, le premier actionnaire. Ce système est accusé d'aboutir à une équipe dirigeante trop politisée, au détriment de l'intérêt du groupe audiovisuel public. D'après la nouvelle loi, l'actionnariat de la Rai passerait des mains de l'Etat à celles d'une fondation indépendante, avec onze membres, dont quatre nommés par les parlementaires. Les sept autres seraient désignés par les employés de la Rai et différents organismes publics représentant notamment les régions, les recteurs d'université et les téléspectateurs. La fondation serait chargée de nommer pour trois ans le conseil d'administration dont les membres seraient choisis parmi des professionnels de l'audiovisuel. Mercredi, le ministre de l'Economie Tommaso Padoa-Schioppa a déploré "la crise de gestion" traversée par la Rai et la "trop forte politisation" de son équipe dirigeante. Le ministre avait provoqué une polémique la semaine dernière en réclamant la tête de son représentant au sein du C.A., qui avait été nommé sous le gouvernement de droite de Silvio Berlusconi (2001-2006). La droite l'avait immédiatement accusé de vouloir "mettre la main sur la TV publique". La Rai emploie 11.500 personnes, dont 1.500 journalistes, et réalise un chiffre d'affaires annuel d'environ 3 milliards d'euros, mais elle a régulièrement perdu des parts de marché ses dernières années au profit de Mediaset, le groupe de télévisions privées de Silvio Berlusconi. Les craintes d'un nouvel affaiblissement de la Rai face à ce concurrent sont montées d'un cran cette semaine avec le rachat par Mediaset de l'inventeur de la télé-réalité Endemol, qui fournit de nombreux programmes télévisés à la Rai. Avec ce rachat, la TV publique se retrouve "cliente" de Mediaset.

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