Avec "Trafalgar", Arte relève le double défi de raconter un désastre naval que les Français essayent d'oublier et de le faire avec des moyens modestes, grâce aux images numériques. Pour Hélène Coldefy, directrice de l'unité Découverte et Connaissance d'Arte France, ce documentaire-fiction, diffusé ce soir à 20h45, a été "rendu possible grâce à une innovation technologique majeure", qui mêle images de synthèse, décors virtuels et comédiens. Largement employé au cinéma, par exemple dans "Master et Commander", de Peter Weir, et surtout dans les jeux vidéo, le recours à l'image numérique a permis de reconstituer, à peu de frais (750.000 euros), mais avec un grand réalisme, l'une des plus grandes batailles de l'histoire de la marine à voile. "Nous avons pu ainsi donner à cette bataille toute sa dimension épique, souligne la coproductrice Sylvie Barbe, mais aussi créer un nouvel univers visuel". Au large de Cadix et du cap de Trafalgar, au sud de l'Espagne, une armada franco-espagnole commandée par Pierre Charles Silvestre de Villeneuve, affronte le 21 octobre 1805 la flotte anglaise que commande l'amiral Horatio Nelson. Soixante vaisseaux, 35.000 hommes et plus de 5.000 canons participent au combat. Pourtant, le réalisateur Fabrice Hourlier, dont c'est le premier long métrage, n'a utilisé que deux acteurs, une trentaine de figurants et un cheval, filmés en huit jours avec une unique caméra. En revanche, il a fallu plus de deux ans de travail aux informaticiens pour réaliser la partie numérique. La bataille est racontée du point de vue de l'amiral français, grâce à l'importante correspondance qu'il échangeait avec le ministre de la Marine, conservée dans les archives militaires. Le réalisateur a bénéficié des conseils du contre-amiral Rémi Monaque, historien de la Marine, qui intervient plusieurs fois dans le document. "Ceci nous permet d'avoir une rigueur historique très, très pointue. Les costumes, la manière dont on tient une arme, les voiles, le gréement n'auraient pas été aussi précis sans lui", souligne Fabrice Hourlier. Au passage, Rémi Monaque s'efforce de retoucher quelques idées reçues, précisant qu'il y a désormais un "consensus très large" sur la bataille entre historiens français et anglais. "La défaite est certes complètement écrasante mais ce n'est pas tellement glorieux pour les Anglais, car le décalage entre le niveau de puissance des flottes était trop grand", souligne-t-il. Il évoque aussi "l'énorme responsabilité" de Napoléon, qui "génial sur terre, n'a jamais compris comment commander des forces à la mer". Le bilan est lourd: 4.700 morts et 5.000 prisonniers pour la flotte franco-espagnole, 450 morts pour la flotte anglaise, dont l'amiral Nelson. "Trafalgar" sera diffusé dans la case du samedi, en première partie de soirée, qu'Arte réserve aux documents historiques. La chaîne inaugure ainsi, selon Hélène Coldefy, une série consacrée aux grandes batailles navales de l'histoire: les batailles d'Actium et de Salamine suivront.
Rédaction
5 mai 2007
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