Rédaction
10 mai 2007
Des hommes et des femmes noirs entassés dans une petite embarcation, que l'on débarque sans ménagement sur une plage brûlante dans un fracas de coups et de cris: dès les premières minutes, "Tropiques amers" transporte le téléspectateur à des milliers de kilomètres, il y a plus de 200 ans. Cette grande fresque dévoile un aspect méconnu de l'Histoire de France: l'esclavage aux Antilles. "Tropiques Amers", série en cinq épisodes, diffusée sur France 3, à partir de ce soir 20h55, raconte la vie de colons en Martinique et de leurs esclaves de 1780 à 1810. Mais contrairement à d'autres films sur le sujet, les Noirs ne sont pas réduits à quelques silhouettes dans les plantations de canne à sucre. Sur cette même plage débarque la famille de Rochant, des nobles désargentés dont la fille Olympe (Léa Bosco), dépourvue de dot, s'apprête à épouser Théophile Bonaventure (Jean-Claude Adelin), un riche propriétaire. Sur le marché aux esclaves, Olympe veut acheter un jeune Noir rebelle, chef de tribu en Guinée (Jacky Ido). Théophile se laisse convaincre, malgré les mises en garde de son intendant et esclave, Amédée (Jean-Michel Martial). Dotée d'un budget de 6 millions d'euros et tournée pendant quatre mois à Cuba et à la Martinique, "Tropiques amers" parvient à mêler le romanesque et la vérité historique. Pour ce volet, la scénariste Virgine Brac a fait appel à Myriam Cottias, historienne martiniquaise. "Le projet me plaisait car c'était une façon de compléter les silences de l'histoire, en allant au-delà des archives et de ce qu'elles disent", indique l'historienne. "Il s'agissait de mettre des images sur la relation esclavagiste, sa complexité, sa perversité et ce qu'elle induit de manipulation, alors qu'elle est souvent montrée de manière manichéenne", ajoute-t-elle. La productrice Elizabeth Arnac, à l'origine du projet, explique avoir été très marquée par la diffusion de la série "Racines" aux Etats-Unis où elle vivait dans les années 80. Après avoir séjourné en Martinique, elle décide de raconter l'histoire d'"une société qui se construit sur le déni de l'autre". Elle veut aussi rendre compte de "la complexité des relations entre les dominants et les dominés". "Il y a une aventure commune entre les hommes blancs et noirs" de cette époque et de cette partie du monde, "même si c'est une aventure douloureuse", souligne le comédien Jean-Michel Martial. "C'est le parcours de nos ancêtres", renchérit le réalisateur Jean-Claude Barny, réalisateur notamment de "Neg Maron". La diffusion démarre ce soir, jour anniversaire de l'abolition de l'esclavage en France.
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