Chaque année, des milliers de Somaliens et d'Ethiopiens traversent le Golfe d'Aden pour fuir leur pays et rejoindre le Yémen : un périple en enfer dont le journaliste français Daniel Grandclément-Chaffy a ramené des images à peine croyables. "Les martyrs du Golfe d'Aden", un reportage de 52 minutes, est diffusé sur France 3 dans Thalassa ce soir, à partir de 20H55. Pour quitter leur pays, en proie à la guerre et à la misère, les immigrants payent des passeurs une quarantaine de dollars. Ils embarquent sur de minuscules rafiots qui les mèneront de l'autre côté du Golfe, à l'issue d'un périple de deux à quatre jours. Ils sont plus d'une centaine, imbriqués les uns aux autres, pouvant à peine respirer, sur des embarcations d'à peine 10 mètres de long. Pendant le voyage, hommes, femmes et enfants sont roués de coups par les passeurs, qui cherchent ainsi à briser toute tentative de révolte. Et si le bateau est surchargé, le "surplus de la cargaison", qui a déjà payé le voyage, est tout simplement poussé à la mer. Ces meurtres sont régulièrement dénoncés par le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés, qui estime à 330 le nombre de morts et autant de disparus en 2006. Daniel Grandclément-Chaffy s'est intéressé à ce scandale peu médiatisé en raison de son intérêt pour cette région du monde. En juin 2006, il se rend dans le port de Bosaso, en Somalie, point de départ des traversées. Il y retourne en septembre, lorsque reprennent les traversées, au début de la saison navigable. Il prend contact avec des passeurs et après plusieurs tentatives avortées, il réussit à monter sur l'un des bateaux. Les passeurs lui ont interdit de filmer leurs visages ou les coups qu'ils assènent aux passagers, sous peine d'être jeté à l'eau. Mais les images qu'il tourne sont à peine croyables : corps imbriqués, chaleur étouffante, gémissements lorsque l'eau vient à manquer, passagers terrorisés, passeurs surexcités... Aucun clandestin ne sera balancé par-dessus bord cette fois-là mais tous sont poussés à l'eau à quelques centaines de mètres du rivage yéménite, en pleine nuit. Le journaliste est arrêté à l'arrivée au Yémen par la police, pour entrée illégale. Il sera libéré quelques jours plus tard. Il n'a donc pas pu filmer l'arrivée des clandestins mais deux journalistes, britannique et suisse, réalisent un reportage au même moment sur cette traversée de tous les dangers. Elles dorment sur la plage yéménite depuis plusieurs jours, dans l'attente d'une embarcation. Ce sont leurs images, d'hommes et de femmes hébétés, rescapés de l'enfer, que Daniel Grandclément-Chaffy intègre à la fin de ce document exceptionnel. Le journaliste espère présenter ce film à Genève devant le Haut commissariat aux réfugiés."Ce que je voudrais, c'est que ces crimes ne restent pas impunis", déclare-t-il.
Rédaction
30 mars 2007
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