6 novembre 2004. Deux Sukhoï de l'armée régulière ivoirienne attaquent une base française proche de la ville ivoirienne de Bouaké. Neuf soldats de l'opération Licorne sont tués. Les enquêteurs du magazine de France 3 "Pièces à conviction", revenus sur place deux ans après en quête d'explications, sont restés sur leur faim. L'émission est diffusée ce soir sur France 3 à 23h25. Brigitte Raynaud, la juge chargée de l'enquête pour le tribunal aux armés, se plaint elle aussi d'avoir appris peu de choses sur les commanditaires de l'opération. Dans une lettre écrite au ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, dont les auteurs du reportage font état, elle exprime ses "regrets" concernant l'attaque de Bouaké. "Aucun concours spontané ne m'a été donné par les services qui dépendent de votre autorité", note-t-elle, ajoutant qu'elle regrette que ses demandes de déclassification n'aient "jamais (été) satisfaites". Pourquoi si peu d'empressement des autorités françaises sur ce dossier, s'interroge la journaliste Magali Serre, auteur de l'enquête. Les enquêteurs de "Pièces à conviction" se sont particulièrement attaché au cas de David Decuypere, le plus jeune des neufs soldats tués. Sa mère, aujourd'hui encore, cherche les responsables. "La mort du soldat Decuypere passerait-elle après certains intérêts d'Etat?", demande encore Magali Serre. Le reportage de "Pièces à conviction" décortique les circonstances de l'attaque et exhume notamment un film d'amateur tourné par un militaire français où l'on voit les pilotes des deux Sukhoï descendre posément de leur appareil, à l'issue de l'attaque sur la base française, sans que personne, notamment parmi les Français présents, cherche à les inquiéter. Il y avait à bord des Sukhoï des pilotes mercenaires biélorusses. Officiellement, personne n'a cherché à les interroger pour savoir qui les avait missionné, s'étonnent encore les auteurs du document. Le président ivoirien Laurent Gbagbo, qui a vu sa modeste aviation détruite en représaille par les Français après l'assaut contre la base, assure qu'il n'a jamais donné l'ordre de s'en prendre aux Français, son seul but étant de reconquérir le nord contrôlé par les rebelles et de mener ainsi à bien "l'opération dignité". "Visiblement, on ne fait pas beaucoup d'efforts du côté de la justice française pour retrouver les pilotes des Sukhoï et savoir qui leur a donné des ordres", indique à l'AFP Lionel de Coninck, rédacteur en chef adjoint de "Pièces à conviction". "Il y a eu certains dysfonctionnements au sein de l'armée française dans les jours qui ont suivi l'attaque de la base", estime pour sa part Magali Serre, pour qui "l'hypothèse la plus probable" est qu'il y a eu, à un moment donné, au niveau de la hiérarchie militaire ivoirienne, un "intérêt à bombarder" le camp français. Pour sa part, Michèle Alliot-Marie, sollicitée, n'a pas souhaité intervenir ni dans le reportage, ni sur le plateau qui suit sa diffusion.
Rédaction
2 mars 2007
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