Un peu plus d'un an après les émeutes de banlieues, "L'embrasement", un film réalisé pour Arte, retrace pour la première fois les évènements à l'origine de l'onde de choc qui a secoué la France à l'automne 2005. A l'origine du projet, la productrice Fabienne Servan Schreiber qui se dit "bouleversée" par "L'Affaire Clichy. Morts pour rien", le livre de Jean-Pierre Mignard et Emmanuel Tordjman, avocats des victimes. Le film a été préparé à Clichy avec les familles des victimes, le maire, les associations, notamment "Au delà des mots" fondée après le drame. Les figurants ont été choisis sur place, les reconstitutions ont été réalisées sur les lieux-mêmes de leur déroulement. Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy tient son propre rôle et des extraits de ses différentes interventions pendant la crise rappellent la version officielle des faits. Egalement hasard de l'actualité, un rapport de l'Inspection générale des services (IGS), dévoilé début décembre dans la presse, révèle pour la première fois que les jeunes étaient bien "poursuivis" par la police, en dépit des affirmations du ministre de l'Intérieur au lendemain du drame. C'est cette course-poursuite qui avait conduit les jeunes à s'abriter dans un transformateur EDF où Bouna et Zyed trouveront la mort. Pour le réalisateur/auteur Philippe Triboit "ce film est fait à la fois pour restituer l'enquête et décrire un climat de pourrissement". "La fiction peut donner un visage au malaise", estime-t-il. Côté fiction, Alex (Thierry Godard), un journaliste belge, est envoyé pour couvrir les événements de Clichy. Une policière, Sylvie (Nathalie Besançon), exprime le désarroi de policiers qui gagnent mal leur vie et se retrouvent après quelques mois de formation parachutés en banlieue. Entre eux et les jeunes, "il y a une méfiance devenue viscérale qui court-circuite la raison", dit Philippe Triboit. Slimane Hadjar, récemment remarqué dans "Djihad" pour Canal+, campe avec talent Muhittin, le jeune qui a vu mourir ses copains Bouna et Zyed et a lui-même été grièvement brûlé. La dernière scène est particulièrement forte quand Muhittin, tout juste sorti de l'hôpital, vient devant le commissariat crier son désespoir en demandant aux policiers de le tuer. Le 8 décembre, quelque 500 habitants de Clichy-sous-Bois ont assisté avec émotion à l'avant-première de cette co-production Arte/Cinétévé, qui "leur a permis de voir qu'on ne les oublie pas", soulignait une jeune fille, plus d'un an après le drame.
Rédaction
12 janvier 2007
Arte › Autres articles à lire
Derniers coms
+ commentés
Forums