Sélection des échanges les plus émouvants dans les longues auditions de la commission parlementaire chargée d'enquêter sur les dysfonctionnements de la justice dans l'affaire d'Outreau, "Outreau, autopsie d'un désastre" souligne avec vigueur les stupéfiants dérapages judiciaires de l'affaire. Après le très fort intérêt des premiers jours, la retransmission en intégralité et en direct au début de l'année sur les deux canaux de la chaîne parlementaire des 200 heures d'audition de la commission avait peu à peu lassé l'attention des plus motivés. Réalisé pour LCP-Assemblée nationale et France 5, le film de Jacques Renard, qui ramène les 200 heures d'audition à 90 minutes, ponctuées par quelques interviews et de rares commentaires, met pleinement en lumière l'incroyable accumulation d'erreurs, de mensonges et de lâchetés qui ont jeté en prison et bouleversé la vie de 14 innocents.Diffusion sur LCP-Assemblée Nationale le ce soir à 18H30 et sur France 5 le 3/12 à 20H45 D'emblée, le film rappelle ce triste bilan: 13 personnes soupçonnées de pédophilie, acquittées et innocentées après avoir subi jusqu'à 30 mois de détention préventive, une quatorzième morte en prison. Dans ces morceaux choisis, le téléspectateur retrouvera le surprenant juge d'instruction de Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais), Fabrice Burgaud, dont tout indique qu'il a été manipulé par l'une des rares coupables véritables, Myriam Badaoui-Delay, et qui a, selon l'un des acquittés, "croisé la parole d'un enfant fou avec celle d'une mythomane" pour mener une "enquête à charge". Mais les différents chapitres qui rythment le film désignent d'autres coupables: le juge des libertés et de la détention, trop expéditif, la chambre d'instruction qui se comporte en "chambre d'enregistrement", la parole des enfants prise trop légèrement comme preuve, les médias "en délire", la défense ligotée face à un juge dont le pouvoir est jugé "monarchique", les experts peu fiables. "Tous ont failli. La justice est à l'image de l'homme, imparfaite", note, en voix off le commentateur. Principal témoin dans le film de Jacques Renard, le prêtre-ouvrier Dominique Wiel, l'un des acquittés, ponctue de remarques pleines de bon sens ces morceaux choisis en forme de réquisitoire. Il exprime sa confiance dans les travaux de la commission, qui permettront selon lui un "progrès dans la démocratie". Après la diffusion du film, LCP-Assemblée nationale prévoit une émission spéciale, à 20H00, avec notamment une interview du président de la commission André Vallini pour présenter les propositions de réforme. De son côté, France 5 diffusera cette "autopsie d'un désastre" le lendemain, 3 décembre, en deux fois 52 minutes, à 20H45 et 21H40.
Rédaction
2 décembre 2006
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